A l'instigation de la ministre de la Culture et du wali de Constantine, et à l'occasion de la journée mondiale du patrimoine archéologique, une journée d'étude a été organisée le 18 avril au palais de la culture Malek Haddad autour du thème « Le patrimoine et la sécurisation ». La manifestation a vu la présence de représentants de la gendarmerie, la sûreté nationale, la douane et la Protection civile, devant travailler en coordination pour lutter « efficacement contre les réseaux de pillage des richesses nationales ». Tour à tour, les intervenants évoqueront la position géostratégique de l'Algérie qui détient, sur l'ensemble de son territoire, pas moins de 500 sites archéologiques, dont 7 classés patrimoine mondial. Il s'agit du M'Zab, du Tassili, de Tébessa, la Casbah d'Alger, la Qalaâ Béni Hammad, Djemila et Timgad. Les sites en question ont connu un pillage effréné et sans précédent lors de la décennie noire, durant laquelle les corps constitués étaient préoccupés par la sécurité nationale. Des milliers de pièces rares, à la valeur inestimable, ont ainsi disparu, telles des statues pharaoniques et autres sculptures, des pièces de monnaie, des stèles, des toiles authentiques (pour ce qui est des musées), etc. La directrice du musée Cirta parlera également de la panoplie de textes législatifs, dont le décret en vigueur 98/04 du 4 juin 2004, régissant le patrimoine national, mais demeurés sans grand impact en l'absence d'une réelle prise de conscience et de sensibilisation de la société civile. Face au péril bien réel qui guette la mémoire collective, une cellule de prévention, de sauvegarde et de lutte intensive contre le vandalisme et le vol des richesses nationales s'est constituée en 2006. Celle-ci est très active, selon les conférenciers, puisque « 1 113 pièces archéologiques ont été restituées et des réseaux criminels démantelés, dont des groupes faisant dans le recel et l'écoulement des objets avec la complicité d'étrangers, entre autres, au niveau des frontières tunisiennes et des aéroports ». En 2008, 906 pièces romaines ont été interceptées, dans lesquelles 11 personnes étaient impliquées. La liste est loin d'être exhaustive ; nombre d'affaires liées au trafic de pièces archéologiques ont été traitées, avec la mise hors d'état de nuire de multitudes de groupes d'individus motivés par la soif du gain. Selon les différents intervenants, il reste à former des éléments en mesure d'identifier les pièces et de les authentifier, sachant qu'actuellement l'expérience technique fait cruellement défaut. Beaucoup reste à faire. « Nous n'avons même pas un inventaire de nos richesses, digne de ce nom », s'accorderont-ils tous à relever. Un débat s'en est suivi dans lequel beaucoup de problèmes ont été soulevés. A notre question de savoir ce qu'il en était du projet relatif au village berbère préconisé par le Président de la République lors de sa visite en 2006 au tombeau de Massinissa, la directrice du musée répondra qu'elle ignorait tout de la chose. Toujours concernant le même site, nous avons évoqué le laisser-aller et l'absence de gardiennage, passé les heures administratives, et l'on nous assurera qu'une enveloppe y sera incessamment allouée.