Après avoir ouvert une brèche pour les voix des citoyens et fait quelques étincelles en réglant quelques problèmes signalés par les comités de quartiers, l'émission radiophonique hebdomadaire « Tribune des citoyens » vient d'être suspendue, sans aucune explication, par le directeur de la radio régionale. L'animateur de l'émission, Mohamed Lattafi, par ailleurs responsable de la coordination du mouvement associatif à Constantine, s'insurge contre cette décision et réagit en convoquant l'ensemble de ses partenaires associatifs pour une énième révolte. Dans une pétition adressée au président de la République, dont nous détenons une copie, la coordination dénonce « ces pratiques de marginalisation, de fermeture des portes et d'indifférence vis-à-vis du citoyen, des lois et des orientations qui invitent à associer le citoyen de façon directe ou par l'intermédiaire du mouvement associatif dans l'ensemble des programmes qui touchent à l'amélioration de son cadre de vie, notamment son quartier, conformément à la loi signée par le président de la République ». La pétition, qui signale la suspension de l'émission par la direction régionale de la radio, parle de forces occultes qui seraient derrière celle-ci. Selon Mohamed Lattafi, ce « coup bas » serait venu suite aux propos tenus par des responsables d'associations lors d'une rencontre organisée par la coordination au palais de la culture, il y a de cela quelques semaines, à l'encontre des autorités locales, où le chef du cabinet du wali avait été désigné comme étant à l'origine de tous les maux. La suspension de l'émission serait donc la conséquence de cette liberté de ton exprimée lors d'une rencontre publique, affirme M. Lattafi, mais pas que cela. La foudre qui s'abat sur lui, poursuit-il, réside dans la dénonciation publique de l'absence d'affichage des listes des bénéficiaires de logements sociaux dans le cadre des opérations de relogement des habitants du Bardo. Procédure floue, qui suscite, il est vrai, des interrogations légitimes. Selon les membres de la coordination, il y aurait au moins 160 indus bénéficiaires sur la liste à la faveur d'un trafic organisé par des cadres de la wilaya. Des accusations graves étayées par l'absence d'affichage. Questionné sur cette suspension subite de l'émission, le directeur de la radio dira : « C'est pour une raison de changement et d'amélioration de la programmation que nous avons jugé utile de passer à d'autres émissions, et rien des accusations proférées n'a de sens. »