Plus de trois mois après son lancement, l'opération de « restauration de l'autorité de l'Etat », initiée par le wali de Boumerdès, n'a pas donné d'effets majeurs. En effet, hormis les opérations de démolition de quelques constructions illicites effectuées, il y a près de trois mois, dans quelques communes de la wilaya, suivies de la fermeture de la partie extérieure du marché hebdomadaire du chef-lieu de la wilaya, aucune autre action n'a été entreprise. Pourtant lors des débats ayant précédé le lancement de cette opération, les responsables de la wilaya et les élus locaux se sont tous mis d'accord sur la nécessité de mettre fin à l'anarchie et l'instauration d'un minimum d'ordre dans les villes de la wilaya. Cependant, aujourd'hui, partout où l'on se déplace, l'informel, les constructions illicites, le squat des espaces publics et l'anarchie règnent. Et le nombre de marchés informels dans les quatre coins de la wilaya est un exemple édifiant du laisser-aller et de l'inertie des autorités. Sur « 2363 procès-verbaux d'exécution et 874 arrêtés de démolition, qui ont été établis durant la période 2004-début 2009 par les services de la DUC, seulement 324 habitations ont été démolies ». Ce qui représente un taux de 13 %. Sollicité pour plus de détails, le directeur de la DUC précise : « Durant le premier trimestre de l'année en cours nos inspecteurs ont établi 210 PV d'infractions et 190 arrêtés de démolition et nous avons enregistré 153 démolitions ». Expliquant le retard mis dans l'application des décisions prises lors du conseil de wilaya de janvier dernier portant sur l'éradication du phénomène, notre interlocuteur souligne que « l'opération de démolition a été interrompue durant la période électorale pour le bon déroulement des élections ». Pour ne parler que des marchés parasitaires, le recensement effectué par les services de la wilaya estime leur nombre à 63 marchés, soit une moyenne de deux par commune. Ceux-ci occupent, selon la même source, une superficie globale de 75 000 m2. Ce qui est énorme eu égard au manque criant de terrains que connaîssent la quasi-totalité des communes de la région. Aujourd'hui, aucune commune de la wilaya ne dispose d'un marché digne de ce nom. Ceux qui ont été construits pendant l'ère coloniale sont tous abandonnés et désertés par les commerçants. Dans les commune de Bordj Menaïel et des Issers les marchés couverts réalisés par les colons sont devenus de vrais réceptacles d'ordures ménagères. De même pour le marché de Boudouaou qui baigne dans une saleté indescriptible et reste dépourvu des moindres commodités. Cette situation dont on néglige les conséquences sur la santé du consommateur a poussé les commerçants à squatter les espaces publics où ils étalent leurs marchandises en toute quiétude. A cela se greffe par ailleurs le problème des milliers de constructions illicites érigées anarchiquement sur des espaces publics au su et vu des responsables. Ces derniers, dont la passivité a fortement contribué à la prolifération de l'anarchie, sont plus que jamais « appelés à exercer et assumer leurs responsabilités », comme le dit un citoyen de Boumerdès.