L'association de lutte contre le sida Aniss de Annaba, en partenariat avec l'ONG Handicap International, vient de lancer un projet portant sur le renforcement des initiatives locales dans la lutte contre le sida et les infections sexuellement transmissibles (IST) en faveur des personnes handicapées. Annaba. De notre bureau Selon le professeur Laouar, chef du service infections à l'hôpital Dorban de Annaba et président de Aniss, ce projet, qui a pour but de faciliter la prise en compte des personnes handicapées dans les stratégies de lutte contre le VIH-sida, consiste en l'élaboration d'outils de prévention pour les mettre à la disposition des structures en charge de cette frange de la population. Dans cette perspective, ont été mis à contribution tous les centres spécialisés et plus d'une dizaine d'associations pour handicapés. « Pour atteindre les objectifs de lutte contre le VIH-sida, il faut impliquer toutes les couches de la société. Les autorités et associations doivent prendre en compte dans leurs stratégies de lutte contre le V.IH-sida les personnes, non pas parce qu'elles constituent un groupe vulnérable mais parce que ce sont des citoyens à part entière », explique le Pr Laouar. La mission des deux ONG initiatrices du projet ne sera pas aisée car il est question de toucher nombre de personnes sur un total de plus 16 000 handicapés, officiellement recensés par la direction des affaires sociales de Annaba dont 7156 handicapés physiques, 5471 handicapés mentaux, 1261 malvoyants et 1220 sourds-muets. Le spécialiste a, en outre, ajouté qu'à travers ce projet, Aniss entend atteindre un triple objectif : faire prendre conscience des risques épidémiques du VIH-sida et des IST pour les personnes handicapées, faciliter leur inclusion dans les politiques, stratégies et actions de lutte et faire respecter la convention internationale relative aux droits des personnes handicapées. « Notre projet mise surtout sur la sensibilisation de cette catégorie de personnes sur les risques de ces maladies. Il s'agit de trouver les modes de sensibilisation et de mettre à leur disposition des outils adaptés à leur handicap », souligne le professeur. « C'est avec beaucoup de soulagement que nous accueillons ce projet. En tant que personnes handicapées, nous sommes déjà vulnérables, nous ne devons et ne voulons pas laisser la maladie nous rendre plus vulnérables », a pour sa part indiqué M Halimi, un jeune handicapé atteint de cécité. Bien qu'aucun cas de séropositivité ou de sida n'ait, à ce jour, été enregistré ou signalé auprès de cette population, explique le président de Aniss, les estimations à Annaba sont inquiétantes. Et pour cause, 1000 à 2000 personnes sont porteuses du VIH sans le savoir. « C'est au bout de 7 à 10 ans, quand elles auront développé la maladie, qu'elles le sauront. Il faut savoir qu'à partir du premier jour de contamination à 10 ans, c'est la période asymptomatique (aucun signe de la maladie). Au bout de la 10e année, commencent alors à se manifester certains cancers (lymphomie) et divers types d'infections opportunistes », a-t-il tenu à préciser.