« Loi de finances 2001. Cette loi a prévu l'autorisation du commerce d'importation et d'exportation des métaux précieux en Algérie. Un cahier des charges devait être élaboré à l'effet de “moraliser” cette activité aussi rentable que sensible pour l'Etat. Un décret de juillet 2004 du chef du gouvernement est intervenu et porte sur la levée de monopole de l'importation et de l'exportation de l'or. Cette activité commerciale ne peut être possible que sur accréditation du ministère des Finances qui en donne l'autorisation. » Ce sont là les propos d'un responsable de l'entreprise Agenor qui, il y a quelques années, avait le monopole de l'importation des matières premières. Mais au jour d'aujourd'hui, aucune autre forme de métaux précieux n'est autorisée, à l'importation comme à l'exportation, sauf le métal argent. Agenor, une entreprise qui avait le monopole de l'activité commerciale de l'or, avait cessé cette activité en 1985, et ce, sur instruction de la Banque d'Algérie. La situation de crise financière du pays à cette période a dû amener cette institution financière et monétaire du pays à ne plus accorder d'autorisation pour cette activité de commercialisation depuis cette année-là. Motif : on devait limiter autant que faire se peut tout mouvement de sortie des devises rares au pays. Agenor était ainsi réduite à être cette manne en métal argent pour les nombreux artisans bijoutiers. « Depuis 2001, on pensait que le principe était acquis pour la Banque d'Algérie d'autoriser Agenor à reprendre son activité de commercialisation des métaux précieux », nous a confié un cadre de cette entreprise ayant requis l'anonymat. Pendant donc une vingtaine d'années, cette activité de commercialisation des métaux précieux, des bijoux en platine... était donc interdite. Seule l'autoriation « spéciale » pour la transformation de l'argent était permise. Mais pardoxalement, l'Algérie a toujours son marché de l'or. Une situation bien anormale ! Le marché existe bel et bien et aussi bien dans les vitrines que dans pas mal d'endroits investis par les (re)vendeurs de ces métaux précieux ; la perle rare et le joyau vous rendent les yeux métallisés. D'où peut provenir toutes ces quantités d'or que l'on voit sur les vitrines, dans les multiples marchés des divers quartiers de régions du pays ? L'informel. Ce marché est à l'évidence florissant, mais il fonctionne dans une sereine ambiance de la légalité marchande. Les endroits bien tenus sont repérables. Les passants y affichent une curiosité évidente. Contraste encore une fois. L'importation de l'or est, en effet, officiellement interdite. Son origine soulève toutes sortes d'interrogations. Soit le marché est alimenté de l'intérieur, c'est-à-dire à supposer qu'il y ait une production locale. Soit il est alimenté depuis l'extérieur, à travers les circuits de l'importation. Ou, enfin, le marché est le fruit d'activités de spéculation d'un stock dérivé de ce qu'on appelle « le bijou familial ». Les trois hypothèses, passées au crible de l'interdiction des importations de ces métaux précieux, amènent à la conclusion que cet or, en partie, atterrit sur le marché local par le biais de l'importaion frauduleuse (lire enquête ci-contre). En outre, le poinçonnage est-il authentique ? Et qui le pratique ? Quant à la production nationale, l'entreprise Enor est la seule à activer en Algérie. Depuis quelques mois, elle a conclu un partenariat avec une entreprise australienne. Selon nos informations, qui restent certes à confirmer, cette entreprise, qui a commencé son activité en 2001, produit quelque chose comme 50 à 60 kg par mois, ce qui serait ainsi de l'ordre de 600 kg par an. Notre source ayant requis l'anonymat affirme que cette entreprise arrive à vendre son produit par « la vente aux enchères autorisée par le tribunal territorialement compétent ». Cette entreprise exploite deux mines d'or à Ames Messa et à Tirek, deux sites dans la wilaya de Tamanrasset. Les artisans bijoutiers, eux, ne seraient pas moins de 12 000 au niveau national. Le marché pourrait valoir l'équivalent des tonnes d'or par an.