C'est dans une salle archicomble (près 1000 personnes) que les six comédiens de la jeune troupe du TRTO, dirigée par la talentueuse Fouzia Aït El Hadj, ont revisité avec l'art et la manière un fragment de l'œuvre du défunt dramaturge Mohia décédé à Paris, le 7 décembre 2004, après une carrière artistique remarquable. Sinistri est une comédie satirique sur les valeurs humaines « nouvelle tendance » dont le mensonge en est presque devenu une « constante nationale ». En filigrane, la trame traite de l'injustice de la justice. Synopsis : Sinistré est avocat. Contraint à l'inactivité faute de clients, cet homme sans scrupules se lance dans une carrière d'escroc, aidé en cela par son statut d'avocat et un art de la rhétorique sans égal. Choisissant ses victimes parmi les plus naïfs des concitoyens, il met en scène les stratagèmes les plus invraisemblables et les plus fous pour abuser de la confiance de ces derniers, jusqu'au jour où il se fera lui-même avoir par un simple berger venu lui demander de plaider sa cause pour une vulgaire affaire de vol de bétail. La pièce est captivante de bout en bout avec, à la clé, une succession de scènes hilarantes du virevoltant Samy Allam dans le rôle de Sinistri et ses compères : Boualem Makour, Soraya Bessadi, Hocine Aït Guenissad, Mohamed El Hocine Ouarab et Toufik Kaoudj. Leur show a été salué par les personnes approchées à la fin du spectacle. « C'est exceptionnellement rare de voir de jeunes amateurs passer immédiatement au professionnalisme. Ce sont des professionnels qui ont réussi à jouer avec brio une pièce du maître fondateur du théâtre kabyle Mohand Ouyahia. Bravo ! Je les félicite de tout mon cœur », analyse Abdennour Abdeslam, chercheur en tamazight et chroniqueur au quotidien Liberté. Pour Hamid Aouameur, directeur du théâtre Jean Sénac de Marseille, « c'est quelque chose de formidable et d'extraordinaire. C'est la première fois que je vois une pièce en kabyle entièrement. C'était magique », résume-t-il en quelques mots. De son côté, Kamel Yaïche, le metteur en scène de la pièce, dira entre plusieurs accolades des admirateurs venus le féliciter pour son travail : « C'est ma sixième représentation. Sinistri a été une commande du Théâtre régional de Tizi Ouzou. C'est Mme Fouzia Aït El Hadj qui m'a fait appel pour la mise en scène de cette pièce. J'ai accepté. A travers Sinistri, je découvre Mohia, célèbre en Kabylie, mais qui reste, malheureusement, méconnu dans le reste de l'Algérie. La pièce, comme vous l'avez vue, est une comédie, une farce, et Mohia lui a donné l'aspect d'une comédie. Et disons que moi aussi, sur la mise en scène, j'avais encore à accentuer sur le trait comique pour donner du plaisir au public. » Né en 1968 à Constantine, Kamel Yaïche a suivi une formation de critique de théâtre de 2005 à 2000 à l'Institut national des arts dramatiques (Inad). Collaborateur de presse dans plusieurs quotidiens nationaux, il délaisse, à partir de 2002, le journalisme, pour s'orienter définitivement vers la mise en scène. Parmi ses mises en scène, on peut citer Zoo story d'Edward Albee, une adaptation de L'Escargot entêté de l'écrivain Rachid Mimouni, une adaptation du Bel indifférent de Jean Cocteau et La Star. Sinistri est sa première collaboration avec le théâtre régional de Tizi Ouzou.