C'est à la faveur des mutations multidimensionnelles qui s'opèrent perpétuellement que le sujet de l'adaptation de l'université algérienne au marché du travail occupe une place prépondérante dans le débat. D'emblée, l'urgence est à la mise en place des mécanismes et des politiques d'orientation permettant à l'institution universitaire de se mettre au diapason du monde socioéconomique, et ce, afin de pouvoir répondre aux besoins réels du secteur utilisateur en matière de ressources humaines. Les questions liées à cette problématique ont fait objet d'un séminaire à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, organisé les 16 et 17 du mois en cours sous le thème de “L'université et l'environnement socioéconomique”. Durant ces deux jours, les différentes thèses soulevées par les représentants de la communauté universitaire, de la sphère socioéconomique et de l'administration locale convergent toutes vers la nécessité et l'urgence de rapprocher l'université du secteur utilisateur, ainsi que d'établir des liens étroits garantissant une concertation permanente entre les deux pôles. Pour donner le ton de ce rapprochement, le recteur de l'UMMTO a présenté les opportunités qu'offre l'université aux opérateurs économiques pour leur permettre d'exprimer leurs besoins en matière de ressources humaines. A la faveur des réformes de ces dernières années, le recteur de l'université de Tizi Ouzou estime que les opérateurs économiques de la région peuvent intervenir sur 30% des formations universitaires. Ces dernières consistent en les licences professionnelles dites LMD (licence-masterdoctorat) qui sont modulées en fonction des besoins et des opportunités de la région. De son côté, le monde économique a saisi cette rencontre pour exprimer ses attentes de la communauté universitaire. Le président de la Chambre de commerce et d'industrie du Djurdjura, M. Medjkouh, plaidant la cause des opérateurs économiques des wilayas de Tizi Ouzou et de Bouira, s'est intéressé à la recherche scientifique en demandant à l'université de faire bénéficier les entreprises locales et les opérateurs économiques du produit des laboratoires. A l'heure actuelle, il importe de souligner que bien des mécanismes sont envisagés pour garantir cette harmonie entre les deux domaines, telle l'interface que le vice-recteur chargé des relations extérieures à l'UMMTO vient de proposer, mais la controverse demeure dans la faisabilité de ce rapprochement. En effet, lors de ce séminaire, la communauté universitaire impute ouvertement son cloisonnement au fait que le monde extérieur (entreprises économiques, administration, institutions et différents organismes publics) n'accompagne pas l'université dans sa marche vers le changement et l'ouverture. C'est le cas d'ailleurs de Madjid Benyahou, enseignant à la faculté des sciences économiques, qui, tout en constatant que l'université et le monde socioéconomique s'ignorent mutuellement, énumérera la multitude d'embûches auxquelles sont confrontés les chercheurs universitaires et les étudiants, particulièrement, lorsqu'il s'agit des mises à jour des statistiques et des textes réglementaires. ” L'universitaire ne dispose d'aucune information nationale au moment où l'accès à l'information internationale est très facile et rapide “, dira-t-il. En face, des voix s'élèvent de plus en plus pour inviter l'université à faire sa mue. Dans cet ordre d'idées, un responsable de l'ANDI (Agence nationale de développement de l'investissement), M. Khouas, dévoilera les chiffres sur l'investissement privé en Algérie entre 2002 et 2006 en avançant que 48,01% des projets déclarés se concentrent exclusivement dans le secteur des transports, donc peu d'intérêt est accordé aux créneaux créateurs de richesses et d'emploi, comme l'industrie, l'agriculture et le tourisme. Pour rattraper les retards, à cet égard, l'apport de l'université avec tout son potentiel est incontournable. L'administration, elle aussi, presse la communauté universitaire à s'inscrire dans le processus du changement et de l'ouverture. ” L'université se mesure par son degré d'influence et son niveau d'ouverture sur son environnement socioéconomique “, a déclaré le secrétaire général de la wilaya de Tizi Ouzou à l'ouverture de ce séminaire avant de ” solliciter ” la contribution étroite de l'UMMTO pour ” l'identification des potentialités de la région et les risques majeurs, notamment, dans les secteurs de l'hydraulique, des forêts et de la PME/PMI “.