Un grand journaliste vient de nous quitter. Mohand Saou s'est éteint lundi soir. Pour avoir été un de ses amis, je suis abasourdi d'apprendre qu'il est mort, si jeune, après une longue maladie. J'étais loin de me douter que Mohand était malade. Il m'avait invité à sa célèbre émission «En toute franchise» à la radio Chaîne III, il y a peu, pour «croiser le fer» avec Mme Louisa Hanoune. De sa maladie, pas un mot. Par contre, il me faisait part du souci qu'il se faisait pour les siens. Pour la santé de sa femme Farida, journaliste elle aussi. Pour la santé de leur enfant. Mais jamais, au grand jamais il ne s'était plaint. Il affrontait la vie avec courage. Un courage tel qu'il ne laissait rien transparaître de ses épreuves. Il affichait même une sérénité. Il se «payait» même le luxe de faire de l'humour. Sacré Mohand, je connaissais tes grandes qualités. Ta générosité. Ta disponibilité à aider les autres. Ta grande culture. Ton intelligence et ton ouverture d'esprit. Ta tolérance sans limite lorsque nous débattions de certains sujets sur lesquels nous avions des avis divergents. Aujourd'hui, je me rends compte que tu étais, en réalité, encore plus grand que je ne l'imaginais. Je me rends compte que tu souffrais en silence pour ne pas importuner les autres. Et dire que nous avons partagé beaucoup de moments ensemble sans que cette terrible maladie soit évoquée. Au-delà de nos rencontres professionnelles, il nous arrivait régulièrement, le jeudi matin en général, de prendre un café ensemble et de «faire et refaire» le monde. Des moments privilégiés que nous n'aurons plus. Je n'aurai plus droit à ton optimisme contagieux. Je n'aurai plus le loisir d'admirer en toi cette force que tu dégageais pour surmonter les aléas de la vie. En attendant de te rejoindre un jour là-haut, je continuerai à vivre avec ton impérissable souvenir du mari exemplaire, du père dévoué, du journaliste accompli et de l'ami fidèle. J'écris ces mots encore sous le coup de l'émotion et la gorge nouée. Ils ne me semblent pas assez forts pour décrire l'ami exceptionnel et le confrère talentueux que tu étais. Alors, égoïstement, je garde Mohand Saou pour moi, tout seul, dans mes pensées. A Farida, ta femme, notre consoeur, à tes enfants, à toute ta famille, nous présentons nos sincères condoléances et notre entière solidarité. Un grand journaliste vient de nous quitter. Mohand Saou est mort. Il nous faudra du temps pour accepter la nouvelle. Salut Mohand, jeudi prochain je prendrai le café tout seul. Ta chaise sera vite mais tu seras là. Je te raconterai la suite au café, car je n'ai plus la force de continuer ici!