Les deux sociétés de transport ferroviaire d'Algérie et de Tunisie sont toujours bloquées par la politique quant à jouer leur rôle de facteur de rapprochement entre les populations de part et d'autres des deux frontières. Apparemment, les décideurs des deux pays n'en ont pas fait une priorité. Ce n'est donc pas pour demain que le train sifflera pour une liaison dans les deux sens ; Alger-Tunis. Pas de train, pas d'autobus, interdiction aux taxis des deux communautés d'activer dans l'un ou l'autre des deux pays, il y a vraiment de quoi faire le bonheur des «fraudeurs». Depuis plus d'une décennie, ils assurent le transport routier des voyageurs aux frontières tunisiennes. Ils s'entendent comme larrons en foire avec les éléments de la police des frontières tunisiennes, particulièrement au poste frontalier tunisien de Meloula où ces fraudeurs donnent l'impression d'être de «Very important personnality». Exception faite du consul général de Tunisie, même les diplomates empruntant la route pour leur déplacement entre les 2 pays ne traversent pas aussi rapidement et aussi aisément la frontière. C'est comme si ces derniers avaient un passe-partout. Avec leurs 4 passagers, ils sont «servis» en toute priorité, y compris devant les femmes enceintes, les familles accompagnées d'enfants en bas âge et les personnes âgées. Cinq minutes à peine leur suffisent pour se retrouver de l'autre côté de la barrière frontalière. A Annaba, qui ne connaît pas ces rabatteurs quotidiennement aux aguets du «client» à proximité de la gare des chemins de fer ? «Tunis ! Tunis ! blaça, blaça», disent-ils avant d'arracher le sac des mains du potentiel voyageur. En été, l'attente pour le remplissage ne dépasse pas la demi-heure. Les candidats au voyage vers la Tunisie par taxi-fraude sont nombreux. Le prix de la place est de 1200 DA. Une escale est prévue pour permettre le changement de voiture à proximité d'un des deux postes frontaliers, El Ayoun ou Oum Tebboul. Le retour de Tunisie est moins astreignant. A quelques mètres de Bab Souika et de l'avenue Habib Bourguiba, les quelques hôtels, d'une saleté à faire fuir et d'une odeur à donner la nausée, entassent par 6, et parfois 8, dans une même chambre, tous les chauffeurs fraudeurs pour la nuit. Bon nombre d'entre eux préfèrent passer la nuit sur le siège arrière de leur voiture. Tôt le matin, les «Annaba-Annaba blaça», «Souk Ahras blaça» «Tébessa blaça» reprennent devant les commerces tunisiens. Leurs gérants ne semblent plus se formaliser de la présence d'un grand nombre de voitures (taxis clandestins) immatriculés en Algérie ni des cris des rabatteurs qui débutent très tôt le matin. A côté de cette catégorie de «taxis-fraudeurs», tolérés de part et d'autre des deux frontières, et particulièrement du côté algérien, il y a une autre meute. C'est celle que composent les trafiquants de devises et de monnaies tunisienne ou marocaine. Ces derniers forment un marché apparemment mieux fourni en liquidités tous genres que les banques locales.