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Bakchich et discrimination
D'Oum Teboul à Tabarka
Publié dans Liberté le 28 - 08 - 2007

Ils en ont gros sur le cœur. Qu'ils soient touristes ou gardiens des frontières, leurs récits se recoupent pour dire les humiliations et le racket que leur font subir des fonctionnaires de Melloula.
Poste frontalier d'Oum Teboul, 25 août. Il est 9h30 et déjà une file importante de voitures immatriculées de plusieurs wilayas du pays et de l'étranger sont en attente devant les locaux de la Police des frontières et des Douanes algériennes. La procédure est la même dans tous les postes algériens : contrôle assisté, vérification de papiers, passage à la douane et c'est bon. L'ambiance à l'intérieur de la salle est plutôt dynamique, bien qu'il y ait une grande file, la vérification de papiers se faisant de façon rapide. Signalons qu'Oum Teboul est considéré comme le poste algérien le plus fréquenté. Ils viennent de toutes les wilayas, notamment du Sud. Il draine près de 2 000 passagers par jour en saison estivale, et il arrive jusqu'à 8 000 personnes par jour. “Notre devise est de ne pas faire attendre les passagers car, personnellement, je déteste les files d'attente même au niveau des postes ou des APC. Durant la période estivale, nous renforçons nos équipes afin de mieux gérer le flux. Ça ne s'arrête jamais 24h/24h. Tout le monde emprunte ce poste. Il m'est arrivé de diriger certains passagers vers d'autres postes comme celui d'El Ayoun, à El-Kala, afin d'équilibrer un peu le flux”, explique le responsable de la PAF d'Oum Teboul.
Il fait très chaud ici, surtout à partir de midi, nous indique l'officier en poste, en précisant que l'opération de contrôle ne prend pas plus de 6 minutes par personne. Une fois les passeports estampillés, les formalités de douane accomplies, les voyageurs quittent le parking de la zone algérienne, cédant leur place à d'autres. On nous explique que le flux grandit d'heure en heure avec une pointe remarquable entre midi et quinze heures. Les chiffres enregistrés en cette période seraient de l'ordre de 5 000 jusqu'à 8 000 touristes par jour, la journée du 1er août a enregistré 11 672 passagers. À ce poste, le no man's land qui sépare la bande frontalière entre Oum Teboul et Melloula est d'une dizaine de kilomètres à travers un épais couvert végétal. Les véhicules sont obligés de rouler lentement à cause de l'état de la chaussée. Les travaux sont d'ailleurs en cours sur cette route en prévision de l'ouverture, le 7 novembre prochain, d'un poste frontalier tunisien tout neuf, juste en face du poste algérien. La bâtisse peinte en blanc et bleu est pavoisée de l'emblème tunisien et d'une multitude de banderoles portant des slogans à la gloire du président Ben Ali et de son action à la tête du pays. À Melloula comme au poste de la Sakiet Sidi-Youcef, l'accès est interdit à l'intérieur de la salle de guichets, les entrées et les sorties du territoire tunisien sont également contrôlées dans un seul et même local. Tous les Algériens se plaignent de l'accueil et de l'excès de zèle des “pafistes” tunisiens de leur pratique frauduleuse à la limite du “racket” et des longues attentes sous un soleil de plomb. Tous les passagers que nous avons interrogés ont reconnu avoir été contraints de donner de l'argent pour faire avancer les formalités. Il y en a même qui ont donné et se font doubler par les fraudeurs algériens qui sont de mèche avec eux ou des passagers tunisiens qui sont prioritaires. “Il faut préparer toujours un pourboire, même s'il s'agit d'un simple paquet de cigarettes. Ils le demandent automatiquement”, s'indigne un père de famille. Selon les témoignages recueillis sur le tas, tout le monde s'accorde sur une seule version : d'abord vérification de papiers, fouille du véhicule, puis vient le moment des négociations et du bakchich.
Le même manège est subi par toutes les voitures portant le matricule DZ. “C'est révoltant, ils nous traitent de façon discriminatoire par rapport aux Européens. Ils nous regardent avec mépris en usant de paroles peu élogieuses, pour la moindre question, et ils nous rackettent. Ici le pourboire est de rigueur”, se révolte Chérif. Pour son retour, il a préféré rentrer par le poste d'El-Ayoun. Sid-Ali nous avouera qu'il a dû glisser un billet dans son passeport pour que ses papiers soient traités. “D'un ton tranchant et de manière tout à fait naturelle comme si c'était un droit, il m'a demandé ouvertement 20 euros ; j'ai dû négocier avec lui pour les convertir en dinars. Si je ne l'avais pas fait, je serais encore là-bas”, témoigne-t-il. On apprend qu'une dizaine de plaintes ont été déposées par les citoyens algériens pour mauvais comportement de la part des “pafistes” tunisiens au niveau du poste frontalier d'El-Haddada en 2006. On nous parle également de cas de refoulement pour des motifs non précis comme ce fut le cas d'un imam algérien. “Nous recevons plusieurs cas de refoulement arbitraire pour différents motifs tels que la coïncidence de noms avec des personnes recherchées, et d'autres non justifiés”, explique le responsable du poste frontalier d'El-Ayoun. Trente-deux cas de refoulement arbitraire ont été enregistrés au niveau de ce poste depuis le début de l'année. Oum Teboul bat tous les records avec plus de 1 000 personnes refoulées de Melloula.
Des sanctions qui tardent à venir
Tout le monde se rappelle de l'incident du 8 août qui a marqué les esprits des Algériens, du moins ceux qui étaient présents. Ce jour-là, plus de 30 familles ont rebroussé chemin vers l'Algérie afin de préserver leur dignité, promettant ainsi de ne plus remettre les pieds en Tunisie.
À titre de rappel, il s'agit du chef du poste frontalier de Melloula. Rappelons que le chef de la police des frontières de Melloula, fraîchement installé, a jeté par terre un paquet d'une trentaine de passeports algériens que réclamaient leurs propriétaires, excédés par une longue attente et les trop nombreux passe-droits. Ils ont demandé également plus d'égard et de respect. Le responsable tunisien ne s'en est pas tenu malheureusement à cela, puisqu'il a accompagné son geste de paroles discriminatoires, d'insultes et d'obscénités devant des centaines de familles respectables. Il a été cependant bousculé par les Algériens qui étaient un peu plus de 5 000 ce jour-là, un nombre jugé tout à fait normal en début de saison estivale. Ces protestations trop violentes au goût des Tunisiens ont donné l'occasion aux autorités locales de faire intervenir en urgence les forces de sécurité stationnées à Tabarka. La salle du poste de police a été évacuée de force. La matraque a été utilisée contre les plus contestataires. “Je n'étais pas présent sur les lieux, mais j'ai entendu parler de cette affaire. Pour ma part, j'aurais réagi de la même manière, c'est un représentant de l'Etat, il doit savoir réagir et gérer tous types de situation”, déclare Omar, un habitué du passage frontalier d'Oum Teboul-Tabarka.
Suite à cet incident attentatoire à la dignité des Algériens, des responsables nationaux relevant de la Police des frontières ainsi que du ministère des Affaires étrangères se sont rendus sur les lieux pour rencontrer leurs homologues tunisiens et tirer cette affaire au clair.
Après avoir qualifié l'incident de grave et d'inconcevable, les autorités tunisiennes ont promis de sanctionner sévèrement l'officier en question. Pourtant, vingt jours après l'incident causé par l'excès de zèle, le chef de poste de Melloula est toujours en place.
Selon des témoignages, il a repris son poste deux jours après l'incident. “C'est le même officier, si vous vous déplacez maintenant, vous allez le trouver pile à son poste. Il ne sera jamais sanctionné, leurs promesses ne sont que de la poudre aux yeux. Pourtant, la presse avait déclaré qu'il a été changé”, raconte un habitué du passage. Hier, encore, les passagers en provenance de Tabarka ont rapporté que c'est plus fluide, mais que l'arrogance et l'extorsion d'argent sont toujours de rigueur. On n'entre dans le poste que si l'on est appelé individuellement. Les passagers sont tenus à l'extérieur sous le soleil, derrière des barrières de protection de la police. “Le responsable du poste s'est calmé. Disons que c'est une parade pour calmer les esprits pour quelque jours, avant de revenir à leurs devises humiliantes”, précise-t-il. Les agents de la PAF ont confirmé que c'est toujours le même. Il souligne toutefois que le poste de Melloula a connu une légère amélioration. L'effectif a été renforcé. Le nombre d'agents est passé de trois à cinq policiers pour gérer le flux important de ce poste en cette haute saison. Sans oublier une chose très importante : les Tunisiens ont affecté trois policiers de la circulation pour gérer les véhicules dans le parking du poste puisque les entrées et les sorties ne sont pas séparées.
Les Algériens leur ont fait l'effort d'ouvrir le nouveau poste d'Oum Teboul au prix de concessions sur le confort le plus élémentaire de la police et des douaniers qui y sont affectés, au milieu de nulle part, pour améliorer les services et les formalités de passage. Tout cela arrange bien les petites affaires de certains fonctionnaires tunisiens du poste Melloula. L'exiguïté des lieux et le personnel ne sont pas à la mesure de l'importance que constitue ce passage pour les deux pays.
À moins que cela ne soit fait volontairement afin de réserver l'usage de la petite ville de Tabarka aux touristes européens, notamment allemands. Les Algériens seront éventuellement dirigés vers d'autres villes à l'image de Aïn Brahim… Espérant que cette idée n'est que le fruit de l'imagination des Algériens. Rappelons qu'en 2006, l'Office national du tourisme tunisien (ONTT) a enregistré 945 000 Algériens qui sont entrés en Tunisie et cette année, il prévoit de boucler le million de touristes nationaux avant la fin de la saison estivale. Rien que pour le premier semestre de cette année, 2 800 000 touristes ont été enregistrés en Tunisie, dont 335 000 Algériens.
Un chiffre qui a augmenté particulièrement durant cette saison estivale, où 35% des Algériens choisissent la période du pic juillet-août pour se rendre en Tunisie. “Avec tous ces déplacements et tout ce que les Algériens dépensent, les Tunisiens devraient nous accueillir au même titre que les autres touristes”, insiste un Algérien déçu par l'accueil. En attendant la relance du tourisme dans notre pays, qui durera sûrement des lustres, les Algériens continueront à se faire racketter et humilier au seuil de nos portes car ils n'ont pas le choix.
N. A.


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