D'un côté, Mohamed Sghir Kara annonce qu'il va créer une police pour touristes, c'est-à-dire un corps de sécurité chargé de la protection de cette espèce rare qui se promène en short dans le Sud, afin qu'elle ne se fasse pas kidnapper. De l'autre, Ali Bensaâd, chercheur algérien, se fait kidnapper à Tamanrasset pour « espionnage » et embarquer selon la vieille méthode, c'est-à-dire voiture (banalisée), cagoule (en fausse laine made in China) avec séquestration (dans un local hors AADL) et harcèlement psychologique (ila ayyi hizb tantami ?). Y a-t-il un rapport entre cette nouvelle police pour touristes étrangers et l'arrestation d'un Algérien dans le Sud ? Si Ali Bensaâd, qui se rendait à Tamanrasset pour un travail sur les flux migratoires transsahariens, est une menace pour les touristes, oui. Si Ali Bensaâd n'a eu que le malheur d'être Ali Bensaâd, c'est-à-dire celui qui a déjà eu des démêlés avec une justice aux ordres de ses ennemis, alors non, il y a erreur. Dans ce cas, Monsieur Kara devrait en parler à Monsieur Zerhouni et à Monsieur Belaïz, tout comme ceux-ci devraient en parler à Monsieur Toufik puisque, renseignements pris, ce serait une filiale locale du DRS qui aurait embarqué le chercheur et non pas la police du tourisme. C'est donc au mieux une énième bavure, au pire une guerre des services. Il est, par contre, évident dans cette affaire qu'une fois de plus, l'impunité va jouer puisque les services n'ont fait que leur devoir, celui d'arrêter des chercheurs en service, les chercheurs ayant pour fonction principale de chercher les petites bêtes et les gros problèmes. Une police pour touristes ? Oui, pourquoi pas. Mais ne faudrait-il pas une police des polices ou une police chargée d'empêcher le DRS d'embêter les Algériens avant de penser à une police chargée de protéger les étrangers ? Cela semble logique. Mais qui va oser la demander ?