« L'espace transsaharien est une zone géopolitique qu'on a mis très longtemps à imaginer, mais j'ai toujours avancé que les relations transsahariennes étaient très importantes, en particulier pour l'Algérie. » Pour Robert A. Mortimer, l'avenir du Maghreb passera par l'association avec l'Afrique subsaharienne. « L'Algérie peut tirer profit de son intégration dans l'Union pour la Méditerranée, mais les relations avec l'Europe sont très inégales, ajoute-t-il. Quant au Maghreb arabe uni, même s'il est possible d'avancer sur une coopération régionale plus développée, elle ne sera jamais conséquente, d'une part parce que la question du Sahara-occidental empêchera l'unification et, d'autre part parce qu'il n'y a pas de complémentarité entre les économies du Maghreb. Alors qu'avec les pays subsahariens, cette complémentarité est très grande. » D'après le chercheur, la « vocation africaine » de l'Algérie s'explique à la fois culturellement et économiquement. « Depuis la guerre d'Indépendance, l'Algérie a toujours eu une diplomatie très active avec les pays subsahariens. Nelson Mandela est venu en Afrique bien avant la fin de l'apartheid en Afrique noire, c'était au début des années 60 ! » Une politique soutenue par Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères. « L'Afrique a toujours constitué un volet important de sa diplomatie et dimanche dernier, lorsqu'il a prêté serment, il a réaffirmé son soutien au tiers- monde ! Il est aujourd'hui un des rares chefs d'Etat à utiliser cette expression ! Il est encore sans conteste un vrai porte-parole du tiers-monde, plus ancré dans les réalités que Khadafi et moins instrumentalisé par les Européens que la monarchie marocaine. »