L'APN examinera, la semaine prochaine, le projet de loi sur la lutte contre la cybercriminalité, adopté en conseil des ministres fin 2008. La loi prévoit d'imposer, notamment, de nouvelles autorisations d'exercice et de réactualiser le cahier des charges pour les providers des services internet. Il est également prévu que les providers sauvegarderont les emails de leurs clients abonnés durant une année. Les cybercafés seront obligés de se munir de caméras de surveillance. Cet arsenal juridique a été soupçonné de tentative liberticide, puisque, selon des experts, le texte ne s'attaque pas franchement aux vrais cybercrimes tels les attaques contre les sites web, le sabotage de données, le piratage d'emails ou les atteintes à la propriété intellectuelle. Pour Angel - pseudonyme d'un hacker de 22 ans, - il est « bizarre » que les autorités veuillent combattre des crimes qui, en fait, ne sont pas commis sur la toile algérienne."Nous n'avons pas de toile selon les normes mondiales, pas de véritables réseau financier économique virtuel, tout ce qui intéresse les pirates algériens, c'est décoder les chaînes de télévision, espionner les emails des copains et attaques des sites israéliens », confie Angel. Un autre hacker dit comprendre seulement le souci des autorités de surveiller la toile pour des raisons sécuritaires. En 2006–2007, plusieurs candidats au djihad en Irak dans la capitale, dans l'Ouest ont été appréhendés par les services de sécurité : les enquêteurs avaient remonté leur piste en traquant leurs emails envoyés à d'éventuels recruteurs, notamment en Syrie. « Ce qui veut dire que le décryptage des emails existe déjà au niveau des autorités, pourquoi alors aller vers cette loi ? », s'interroge le hacker. D'autres experts avancent une autre idée : « L'ouverture précipitée en pleines années 1990 du secteur d'internet - l'Algérie étant un pays précurseur dans ce domaine au niveau arabe et africain a quelque peu inquiété les pouvoirs publics. Une ouverture sans régulation est un véritable risque selon eux… » Un groupe s'est créé sur Facebook, « Sauvons notre liberté sur internet », rejoint par une centaine de membres. « Après nous avoir interdit (depuis plus de 16 ans) de manifester dans la rue, même pour soutenir les habitants "incarcérés" de Ghaza, le gouvernement veut réglementer notre liberté de participer à des forums, de créer des newsgroupes, de bloguer, et de communiquer tout simplement », lit-on dans la présentation du groupe.