hadidja Hamsi possède les nombreux atouts d'une styliste et d'une créatrice confirmée. Ses traits révèlent quelque part un caractère rebelle et une nature de combattante. Chineuse, passionnée et fin stratège, Khadidja concilie mode et onirisme au quotidien. Coquette et femme de caractère, elle a su imposer son univers de fantasmes et de fantaisies sur des tissus soyeux et autres. Avec un sourire qui ne la quitte pratiquement jamais, Khadidja parle de son parcours comme d'un conte de fées. Un parcours artistique, auréolé de rencontres, de joies et de peines. Khadidja se plaît à répéter qu'elle se définit comme une autodidacte qui a réussi à réaliser des robes berbères personnalisées à ces nombreuses clientes. Sur un ton nostalgique, cette créatrice à l'élélgance et à la beauté intemporelle se rappelle, qu'étant gamine, elle était assoiffée de lecture. Hélas, un désir qu'elle n'a pas pu assouvir chez ses parents, car mis à part le livre religieux, aucun autre livre ne traînait dans la maisonnée. Ce n'est qu'à 16 ans, âge de son mariage, qu'elle basculera dans un monde différent, en l'occurrence, artistique. D'une voix émue, Khadidja se souvient que c'est le regretté réalisateur Azzeddine Meddour qui a détecté en elle une fibre artistique. « Il rêvait de faire un film sur Fathma N'soumer, dont il voulait que j'incarne le premier rôle, mais à l'époque, il y avait un certain étouffement à tout ce qui était berbère », dit-elle. Petit à petit, Khadidja commence à fréquenter les milieux de l'intelligensia algérienne, où elle aura l'immense plaisir de côtoyer Kateb Yacine, M'hamed Issiakhem... et de prêter sa voix à des récitals poétiques. C'est en lisant un ouvrage sur les symboles berbères que son amour pour la couture s'aiguise. Quoique timidement, elle commence par réaliser de petits modèles prêt-à-porter avant de se lancer dans la haute couture en confectionnant sa première robe de mariée berbère en coton indien. Son travail fut découvert une première fois à l'école américaine d'Alger, lors d'une exposition de tenues. Suivront d'autres expositions en Algérie et à l'étranger. « Au départ, mes tenues ne faisaient pas l'objet de vente, mais par la suite, j'avais opté pour la vente pour subvenir aux besoins de mes enfants », confie-t-elle. Khadidja fait appel à son inspiration du moment pour réaliser ses créations aux découpes parfaites et à la broderie épurée, le tout exhumé du terroir kabyle. Chacun de ses produits est une création unique en son genre. En effet, notre interlocutrice insiste sur le fait qu'elle n'a jamais refait la même robe, la même « fouta » ou encore la même étole. Au départ, elle n'a ni modèle précis ni patron préconçu. Ses pièces réalisées entièrement à la main nécessitent des heures, voire des mois de travail. C'est l'inspiration du moment qui l'a guide vers ce désir de donner vie à une créativité unique en son genre, le tout rehaussé de belles broderies aux couleurs chatoyantes. D'une voix douce, d'un sourire sage et de yeux pétillants qui reflètent l'image d'une femme rêveuse, la créatrice estime sans prétention aucune qu'il y a une ressemblance dans son travail avec celui du couturier Lacroix au niveau des couleurs écarlates et des broderies chargées. Khadidja part de l'idée que chaque culture a une force dans laquelle elle peut puiser son inspiration. Ses créations sont le fruit de son regard sur le patrimoine berbère, auquel elle est farouchement sensible. A travers ses créations, elle a voulu faire sortir la robe berbère du folklore. A la question de savoir si la mode occupe une place de choix en Algérie, notre interlocutrice répond par la négative : « C'est une catastrophe. C'est du tape à l'œil qu'on voit actuellement. Je regrette l'ancienne mode de mon époque qui était plus sobre et élégante. Dans la rue, on croise des femmes habillées à la syrienne et autres. Les Algériennes sont certes belles, mais hélas elles sont mal habillées. Il n'y a aucune recherche au niveau vestimentaire. »