Acquise en 1899, l'œuvre intitulée Diogène brisant son écuelle à la vue d'un enfant qui boit dans sa main avait d'abord séjourné au Panthéon jusqu'à 1918 après avoir été exposée à Paris lors de l'exposition universelle. Son dernier signalement en France remonte à 1926. Comment a-t-elle atterri à Skikda ? Peu d'informations sont disponibles à ce sujet bien que l'hypothèse de son déplacement à Skikda lors des festivités du centenaire de l'ancienne Philippeville reste la plus plausible. La statue est d'ailleurs répertoriée à ce jour dans le catalogue des œuvres d'art françaises du musée d'Orsay. Catalogue qui cite que le lieu de conservation actuelle de l'œuvre se trouve à l'Hôtel de ville de Skikda, Algérie. C'est vrai que la statue, ou plutôt ce qui en reste, se trouve à Skikda, mais pas dans un lieu de conservation, plutôt dans un jardin public, le square Guennoune (la Résidence). Un fait qui a facilité sa dégradation, car à la voir aujourd'hui, elle ressemble plutôt à un vulgaire tas de pierre. Le philosophe a été «amputé» des deux bras, du nez et des orteils. Ce n'est pas tout, la statue a même servi de support d'essai pour les peintres qui devaient plutôt peindre, en vert, la clôture du jardin. C'est un véritable gâchis ! Une grave atteinte commise il y a quelques années seulement au vu et au su de tous. Un acte que beaucoup de Skikdis qualifient de honteux et qui dépasse de loin ce qu'ont fait les élus de l'ancien parti dissous qui avaient, à titre de rappel, habillé les statues de l'Hôtel de ville avec des draps pour cacher leur nudité. Une deuxième statue représentant Brennus le Gaulois, œuvre du sculpteur Taluet, inaugurée le 7 juin 1879, a elle aussi subi les affres de la destruction. Brennus n'a désormais qu'un seul pied, l'autre a été brisé. Des enfants du quartier ont d'ailleurs pensé à lui tailler une prothèse avec des briques superposées. Non loin, dans le même square, Le rêve du sculpteur Eugène Thyvier s'est transformé en un véritable cauchemar. L'enfant représentant le songe n'a ni bras ni jambes. Que faisaient les responsables au moment où ces œuvres se déchiquetaient ? Pourquoi laisse-t-on la ville se vider de son patrimoine ? Skikda aurait-elle perdu son raffinement pour se détourner de telle façon du «beau» ?