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Mémoires d'une statue
L'histoire singulière d'une statue du musée de Skikda attribuée à Caracalla, Hadrien, puis Antonin-le-Pieux
Publié dans El Watan le 02 - 03 - 2017

C'est la statue la plus connue de la collection du musée de Skikda. C'est la plus imposante et la plus controversée aussi. Depuis sa découverte en 1855, et plus d'un siècle durant, elle connaîtra l'adulation, le mépris et l'oubli même. Elle suscitera moult polémiques, et des archéologues de renom auront même du mal pour l'identifier. On l'attribua d'abord à Caracalla, puis à Hadrien et on opta enfin pour Antonin-le-Pieux.
Haute de 2,10 m au-dessus de son socle, sa conception remonte à l'an 213 en l'honneur de la visite de l'empereur romain Hadrien dans les provinces romaines d'Afrique, comme le notait, en 1891, Joseph Roger, dans le second catalogue du musée de l'antique Rusicade. La statue, amputée de la main droite, représente un empereur romain portant une tunique, la tête couronnée de feuilles de chêne et portant dans sa main gauche une petite épée.
En 1855 donc, cette statue en marbre fut découverte dans l'enceinte de ce que fut le Forum de Rusicade. A en croire l'archéologue français Stephane Gsell, elle a été déterrée exactement sous les fondations de l'immeuble abritant aujourd'hui le buraliste Papillon, en face de la place de l'église.
Caracalla le sanguinaire ?
A sa découverte, la statue suscita vite la curiosité. Impressionnés aussi bien par sa taille que par la gestuelle guerrière et les traits assez durs du visage du personnage, on jugea qu'elle ne pouvait être que celle de Caracalla. Une déduction pour le moins simpliste, tirée apparemment des multiples exactions et autres crimes imputés à cet empereur.
L'information allait vite se répandre à travers l'Algérie et ses échos parviendront jusqu'en France. Dans un de ses numéros paru en 1856, une revue illustrée pour jeunes, éditée en France, et pour illustrer un article relatant la folie de Caracalla, utilisera la photo de la statue de Skikda. Elle préludera même son papier en rapportant : «A Philippeville, en Algérie, dans les ruines de l'antique cité de Rusicade, on a trouvé une statue de Caracalla, empereur romain».
Juste après sa découverte, on éleva un socle pour la statue et on l'exposa sur la place de l'église où elle séjournera quelques années. A cette époque, l'église de l'ancienne Philippeville venait alors juste d'être construite et on commença vite à voir d'un mauvais œil ce colosse en marbre tenant son épée dans la main.
Le conseil municipal se saisit vite de l'affaire et décida, en 1859, de se réunir pour en finir avec cette statue, où plutôt examiner «s'il ne conviendrait pas d'enlever du milieu de la place la statue de l'empereur qui y a été aménagée provisoirement et qui gêne la circulation», comme le rapporte Louis Bertrand dans son livre Histoire de Philippeville. Ce dernier rajoute : «Le Conseil reconnaissant qu'en effet cette statue, dont il ne méconnaît pas la valeur comme spécimen de l'art païen, n'est pas convenablement placée devant un édifice chrétien» et ainsi, on décida à l'unanimité de la démonter pour la placer sur l'ancienne place de la Marine, actuelle place du 1er Novembre.
Elle ne restera pas longtemps dans ces lieux et quelques semaines seulement après, Joseph Roger, le conservateur du musée de l'époque, parviendra à convaincre les élus municipaux de la transférer au musée en bois qu'il dirigeait et qui se trouvait alors dans l'enceinte même du théâtre romain. Là, la statue connaîtra de nouvelles péripéties et ne tardera pas à changer de dénomination. J. Roger, auteur, en 1860, du premier catalogue du musée de Rusicade, est venu émettre ses doutes et note : «Après un examen soutenu, nous avons acquis la conviction qu'il y a un rapport de physionomie entre ce beau sujet et les diverses médailles frappées à l'effigie d'Hadrien».
Mais pourquoi pas Caracalla ? J. Roger répondait : «Un visage si bon, si intelligent et si distingué ne peut être celui de quelqu'un qui a tué tant d'hommes, y compris son père et son frère», en référence aux crimes imputés à Caracalla. Ainsi, l'imposante statue fut baptisée du nom de l'empereur Hadrien, mais pas pour longtemps. En 1898, Stephane Gsell est venu à son tour exprimer ses réticences en jugeant que la statue n'avait rien à voir avec l'empereur Hadrien.
Dans son catalogue du musée de Philippeville publié en 1898, il donne une longue description de la statue et conclut : «On donnait d'ordinaire le nom d'Hadrien à cette statue, mais c'est certainement à tort», jugeait-il. Après avoir longtemps comparé la physionomie d'Hadrien à celle d'Antonin le Pieux, Gsell finira par affirmer : «Nous sommes sans aucun doute en présence d'une image d'Antonin le Pieux. D'un travail plus hâtif et plus mou que la tête d'Hadrien, elle est cependant d'un bel effet décoratif et compte parmi les monuments les plus importants du musée.»
Antonin chassé du musée
La statue, devenue celle d'Antonin le Pieux, restera dans l'enceinte du théâtre romain jusqu'à l'ouverture du second musée de l'ancienne Philippeville en 1898. Là, on lui établit un nouveau socle garni de l'inscription «Salve» (Salut) et on l'exposa juste à l'entrée de la salle principale du musée. Elle y restera jusqu'à l'année 1953, lorsque les autorités coloniales de l'époque décidèrent de démolir le musée pour y bâtir sur son assiette l'immeuble «Le Palmier», une bâtisse que les Skikdis continuent encore d'appeler «Le Musée».
Des centaines de pièces archéologiques se verront alors éparpillées dans différents endroits de la ville. La statue n'échappera pas à la règle et sera comme jetée dans un hangar désaffecté situé sur les Allées du 20 Août 1955. Puis, silence radio. Personne n'entendit plus parler d'Antonin le Pieux, ni des mille et un vestiges que renfermait le musée de la ville.
Il faudra attendre l'année 1987 pour revoir de nouveau la statue. Selon des témoignages récents recueillis auprès de Mahieddine Chebli et Messikh Badreddine, deux personnes ayant grandement contribué à sauvegarder les trésors archéologiques de Skikda, la statue fut sauvée in extremis d'une destruction totale après la décision prise par les responsables de l'époque de démolir le hangar sans penser à le vider de sa contenance.
La statue en payera quelques conséquences puisque dans la chute du toit du hangar, elle perdra une partie du bras gauche avec l'épée qu'elle portait. Le massacre sera heureusement stoppé à temps et la statue se verra déplacée vers le parc communal situé au niveau de la petite zone d'où elle sera de nouveau chassée et jetée sur le trottoir comme une vulgaire pierre.
La ténacité de MM. Chebli et Messikh parviendra à sauver, une fois encore, cette pièce qui sera finalement installée au nouveau musée communal qui venait d'être inauguré au rez-de-chaussée du centre culturel Ahcene Chebli. La statue d'Antonin le Pieux ne reprendra ses honneurs qu'en 2006, lors de la publication du Guide du musée Rusicade de Mahieddine Chebli. Ce dernier lui accordera même les devants du catalogue, et depuis elle règne en maîtresse sur les lieux après un long et périlleux périple qui aura tout de même duré plus d'un siècle et demi.


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