«Autant ses quatre jetées nous ont apporté un tant soit peu de l'assurance autant elles ont apporté des difficultés aux riverains», assure un habitué en faisant remarquer que le gros reste l'accès rendu difficile vers ces jetées devant servir de promenade aux plaisanciers. Tous les escaliers donnant sur la plage ont été obstrués et n'était la réaction des habitants, l'APC de Bordj El Kiffan aurait continué sa «mauvaise besogne». «Un entrepreneur engagé par ses soins a décidé de son propre gré de fermer les accès vers les plages», soutient-il. Pour rejoindre la jetée se trouvant en face du quartier El Marsa, il faut faire un détour par la plage les Sirènes, et de là passer par des monticules d'ordures. Une fois arrivé au T, le plaisancier doit escalader des rochers, jetés là «sans que les élus de l'APC de Bordj El Kiffan fassent cas de l'aspect esthétique». L'APC, qui s'est fait fort d'aménager le front de mer en installant des lampadaires, a négligé cet aspect. L'éclairage public dans ces espaces est également défectueux, et il n'est pas rare de trouver des endroits complètement dans le noir. Un phénomène autrement plus pernicieux a fait ainsi son apparition : les agressions physiques. «Les familles ne peuvent pas s'aventurer seules dans les trois autres T se trouvant plus loin que la plage des Sirènes», relève un jeune qui campe non loin de la jetée. Pour lui, des jeunes des quartiers limitrophes qui ont pris pied interdisent l'accès aux riverains : «Ici, c'est nous qui faisons notre loi. Aucun mal ne leur sera fait», soutient-il. «Au lieu de régler des problèmes, ce port en apporte de nouveaux. Il n'est qu'à voir les flaques de fioul déversées par les bateaux qui font leur vidange pas loin d'ici», relève notre interlocuteur, attestant que l'«assainissement» est l'autre grief mis en avant par les riverains. «Durant l'hiver, tout l'endroit se transforme en cloaque perfide. Des égouts éclatent de partout et se déversent dans la mer. Des propriétaires de bâtisses laissent cette eau putride couler sans y remédier. Les quelques pêcheurs qui activaient auparavant vont tous cesser de travailler du fait qu'ils sont obligés d'aller au large. Bien qu'il fut aménagé en 1974, le port de Sidi Fredj, seul port de plaisance, est pourtant bien aménagé», atteste-t-il. Composé de deux jetées, d'un quai et un appontement, ce port est d'une capacité de 400 plaisanciers. Mouloud Korchi, chef de service des infrastructures de base à la direction des travaux publics (DTP), reconnaît que les joints devant relier les brise-lames à la route n'ont pas été prévus. «L'étude réalisée n'en fait pas mention. Une réflexion mérite ainsi d'être menée», se contentera-t-il de nous dire, en ajoutant que les «rectifications» sont laissées à l'appréciation des autorités locales. Des projets de l'ampleur de celui de Bordj El Kiffan ont été prévus également à Cherchell et au port de plaisance d'El Djamila (Aïn Benian). Un groupement d'entreprises, constitué de Sotramest, Méditeram et ETRHB, a été ainsi constitué. Les travaux à Bordj El Kiffan furent menés essentiellement par l'ETRHB. Ceux entamés en 2002 n'ont été achevés qu'en 2006. L'enveloppe globale de ce projet inclu dans le cadre du soutien à la relance économique (PSR) est de 480 millions de dinars. Quelque 15 autres épis d'une longueur variant entre 25 et 30 m, perpendiculaires au rivage, ont été également réalisés du côté de Verte Rive à l'est de la plage dans le cadre de ce même projet.