Il était invité fin août dernier pour présenter ses films au Festival de cinéma consacré au colonialisme de Douarnenez en Bretagne. Mais Pierre Clément malade avait dû décliner l'offre. Le mal l'avait déjà rongé. Pierre Clément, né en 1927, accompagna René Vautier à Tunis pour réaliser des films. C'était en 1956. Il rencontra la Révolution algérienne et s'émancipa. Il réalisa deux films, précieux témoignages de l'Algérie colonisée : Les réfugiés algériens et Le bombardement de Sakiet Sidi Youcef, images qui firent le tour du monde à l'époque et montrèrent la réalité du peuple algérien colonisé. L'histoire retiendra aussi qu'il est le seul Français de souche à avoir pris le maquis avec les Algériens. Arrêté, il écopa de 10 ans de prison et subit la torture. Il n'échappa à la peine de mort que parce que son père était un compagnon de de Gaulle durant la résistance au nazisme. En 1962, à l'appel d'Ahmed Boumendjel, il fonde à Alger l'Office des actualités filmées (OAA). Mais, juste après, il fut victime d'un grave accident de circulation qui l'éloigna des caméras jusqu'en 1966. Il s'installera par la suite à Paris et assurera la photo de plusieurs films dont Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vautier (ci contre, prise de vue du film) et Tahya Ya Didou de Mohamed Zinet.Dans Algérie, d'autres regards, le film de Raphaël Pillosio et dernière apparition de Pierre Clément, il eut le dernier mot : «Dans la vie, il y en a qui aiment réprimer, mais il y en a aussi qui portent le germe d'intervenir quand ils voient la répression. Je pense que c'est ce germe qui nous a décidé à participer activement à lutte avec le FLN.» Nous lui devons une grande partie de la mémoire filmée des maquis de la guerre de Libération nationale. Nous l'avions appelé chez lui en septembre pour avoir de ses nouvelles. Les larmes dans la voix, il nous répondit : «Embrassez toute l'Algérie de ma part.» Repose en paix l'Homme!