L'idée de construire un centre de santé avec maternité rurale (CSMR) remonte aux années 1980, quand une partie de Boukhelifa, dont Laâch Ighiouer, dépendait de la commune de Kendira (daïra d'Amizour). «Effectivement, c'est en 1981 que le projet du CSMR a été lancé. La direction de la santé et de la population et la subdivision de l'urbanisme et de la construction (SUC) d'Amizour étaient chargées de la réalisation et du suivi du projet. En 1984, Boukhelifa est promue au statut de commune et le projet était toujours sous contrôle de la SUC d'Amizour», nous indique M. Adrar, élu à l'APC de Boukhelifa. Aux dires de notre interlocuteur au fait du dossier, les travaux du chantier en question ont pris fin vers la fin 1990 et le terrain sur lequel est bâti le centre est une propriété qu'un privé a cédée en exigeant, en contrepartie, un poste de travail. Promesse tenue puisque le propriétaire a eu, depuis 1985, le poste de gardien du centre. Refusant de prendre en charge le salaire du gardien, qui incombe à l'APC de Boukhelifa sans que le CSMR soit opérationnel, le secrétaire général (désigné suite à la dissolution des APC en Kabylie) a saisi, par une correspondance datant de 2003, l'actuel chef de daïra de Tichy. En guise de réponse, «la daïra a rejeté en bloc la requête du SG en lui notifiant de maintenir le gardien à son poste tout en prenant en charge son salaire», est-il écrit dans le document. S'agissant de l'infrastructure non encore mise en service, M. Adrar fait remarquer que son état actuel est «peu reluisant» et que «c'est tout à fait logique qu'après 15 ans, le centre se trouve dans un état de délabrement avancé». Installations détériorées, carrelages défoncés, murs fissurés et poussiéreux… voilà l'état de ce centre abandonné à son triste sort. Selon notre source, il est doté de quatre logements d'accompagnement attenant au site dont la superficie est estimée à 3000 m2. Au niveau de la direction de la santé et de la population (DSP) de Béjaïa, les responsables n'étaient pas en mesure de nous fournir le montant de l'enveloppe du projet. Notre interlocuteur, qui a requis l'anonymat, disculpe la DSP en expliquant que «la mission impute de facto à l'APC à qui échoit l'ouverture et l'entretien de pistes pour peupler la région, car la carte sanitaire de la région ne répondait pas aux critères d'un tel centre de santé». Eludant toute question relative à la détérioration continuelle de cette infrastructure, notre interlocuteur tente de convaincre en insistant sur le fait que l'on «avait misé sur l'implantation d'un centre à Laâch Ighiouer pour faire ralentir l'exode rural et repeupler la région. L'inexistence de commodités a fait que le résultat escompté n'a pas été obtenu». A la question de savoir si l'établissement sanitaire pourrait être mis en service dans le futur, la même source explique que «l'ouverture est tributaire de la carte sanitaire, de la viabilisation de la région et aussi du personnel médical». Partant de ces carences, M. Adrar dresse un tableau peu reluisant du secteur de la santé dans la commune. Autrement dit, malgré l'existence de six centres de soins de proximité, réduits à de simples salles pour les pansements et injections, la demande de la population est loin, voire très loin, d'être satisfaite. Pour preuve, aucun des centres n'est doté d'un fauteuil dentaire, à l'exception de celui de Taguemount, fraîchement acquis, mais dont la mise en service dépend, semble-t-il, du recrutement d'un chirurgien-dentiste. L'absence apparente de médecins permanents est un autre problème auquel il faut remédier.