« Le danger d'invasion de criquets pèlerins n'est pas écarté sur la wilaya d'Oran dans les prochains mois, notamment à partir du mois de mars, avec le réchauffement du climat, d'où l'urgence d'user de tous les moyens nécessaires pour se préparer à d'éventuels risques », affirme M. Mokhtar, inspecteur phytosanitaire à la direction des services agricoles d'Oran, lors de la rencontre scientifique tenue hier à l'ITSP. S'inscrivant dans le cadre spécial de la lutte antiacridienne, la direction de la santé a organisé, conjointement avec le service de toxicologie du CHUO, une journée de formation, de sensibilisation et d'information en direction des médecins du travail et ceux exerçant au niveau des unités de soins de base et des points de gardes des 5 secteurs sanitaires de la wilaya. « Assurer la bonne prise en charge médicale et faire face aux éventuels cas d'intoxication par les organophosphorés (insecticides) des personnes exposées à ces produits très toxiques en cas d'une invasion de criquets, est à anticiper, d'où l'objet principal de la journée », explique un intervenant. Des cas d'intoxication par les organophosphorés sont à prévoir si les moyens et les mesures d'hygiène ne sont pas respectés par les usagers, ajoute-t-il. Concernant les dispositions prises par la wilaya dans le cadre de la lutte antiacridienne, une cellule de suivi et un poste de commandement pour piloter l'opération ont été installés. « L'équipement et les moyens nécessaires, dont 898 pulseurs, 898 tenues de protection, 9 500 litres de produits et 11 camions pulvérisateurs ont été dispatchés à travers les 26 communes de la wilaya dont chacune dispose d'un quota de secours », avance M. Mokhtar. La formation comme dernier rempart Aussi, une formation a été assurée à 2 000 personnes - agriculteurs, citoyens et équipes d'intervention -, avec 25 agents pour chaque équipe. Les communes de Tafraoui, Tlélat et Boutlelis, vu leur caractère agricole, sont les localités les plus formées et disposées à faire face à de tels dangers. L'inspecteur de la DSA souligne qu'une dernière infiltration, minime, de 1 000 à 2 000 criquets, a eu lieu en décembre dernier vers Oran, du côté de la localité de Tafraoui, mais qu'elle a été vite vaincue par le froid de la saison. Cependant, l'intervenant précise qu'il existe des criquets mutants qui sont, à présent, résistants au froid et à la neige. Un phénomène qui a été observé à l'Est du pays. Les wilayas de l'Ouest limitrophes les plus touchées par les invasions de criquets, sont Sidi Bel Abbès, Saïda, Naâma, El Bayadh et le sud de Tlemcen où des équipes d'intervention sont opérationnelles. Il importe de préciser que le grand risque pour la wilaya d'Oran reste la détérioration par ces essaims de criquets des différents vergers d'arbres fruitiers plantés dans le cadre du programme national du développement agricole dont a bénéficié la wilaya. « Des milliers d'arbres fruitiers productifs, fruits de 4 années de travail, risquent d'être détruits en quelques heures par une invasion massive de criquets qui peut avoir lieu à n'importe quel moment », conclut M. Mokhtar. Signalons qu'un seul arbre coûte 500 DA à l'Etat. Ceci dit, il importe de noter en dernier qu'un seul essaim comptant 50 millions de criquets peut détruire 50 tonnes de végétaux par jour. Et chaque invasion se fait par près de 50 essaims...