La villa était à l'origine un palais ottoman. Elle est actuellement squattée Sa récupération enrichirait le patrimoine d'Alger.La circonscription d'Alger de l'Agence nationale de l'archéologie, de la protection des sites et des monuments a inscrit dans son programme la mise en valeur de l'ancien centre rééducatif pour les jeunes aveugles, sis dans la merveilleuse villa Scala. La villa était à l'origine un palais ottoman. D'aucuns affirment qu'il appartenait à la princesse Khedaouedj El Amia. Ce monument est situé à El Biar, à la rue Chelha Mustapha (ex-rue Valentin Haüy), dans le prolongement de la rue des Frères Hadjani, jouxtant l'ancien sanatorium spécialisé dans le traitement de la tuberculose de l'hôpital de Birtraria. Cette villa est actuellement occupée par des familles qui ne sont, en réalité, que les anciens élèves de l'école, laissés sur les lieux après le transfert des non-voyants à El Achour. Sept familles ont bénéficié de chalets suite aux effets dévastateurs du séisme du 21 mai 2003. Six autres sont en attente d'être relogées, dont celle de notre guide Amirouche Arhab, qui nous confie : « Nous redoutons le relogement provisoire dans des chalets. Le temporaire peut durer une éternité. On demande des logements décents. » Nourredine Meftah, le responsable de la circonscription d'Alger auprès de l'ANAPSM, nous déclare : « Le classement de ce site et sa mise en valeur ne seront possibles qu'après l'évacuation totale des occupants. » Notre visite en présence de notre interlocuteur, renseigne sur l'état de la dégradation de la demeure. Chaque seuil d'ouverture est un préambule à l'histoire. Le palais jouxte une forêt luxuriante, dont une partie est squattée. Le bois comporte deux abris, l'un donnant sur Frais-Vallon et l'autre dans l'enceinte même de l'hôpital Birtraria. Le palais est doté de deux bâches à eau, qui deversent leur trop-plein en temps de pluie dans ces mêmes refuges. Des constructions ont défiguré l'aspect esthétique du jardin. Ce palais, conçu à l'origine d'un seul niveau, a subi des modifications, dont le rajout d'un étage du temps de la colonisation. « Le second palier de la demeure est un concentré d'éléments de la construction puisés dans les résidus des demeures démolies par le génie militaire français, lors de la malheureuse percée de la ville entreprise immédiatement après la reddition du dey Hussein, qui a accompagné la chute de la Régence d'Alger », tient à préciser M. Meftah. Effectivement, on aperçoit les fastueux extraits de substrats de richesse et de confort spécifiques à l'architecture ottomane. Le palais a subi également moult mutations. Il est versé dans l'action catholique pour l'enseignement des aveugles à travers la création de la Société Valentin Haüy. Un programme de logements d'astreinte pour le personnel de la santé s'est inséré dans l'enceinte du palais dans les années 1940. Il est cédé en 1973 au profit de l'Organisation nationale des aveugles algériens. Contacté à ce sujet, le président de l'APC d'El Biar nous déclare : « Nous n'avons pour l'heure aucune solution pour ces familles qui ont refusé les chalets. Aussi, nous avons transmis leurs dossiers au wali délégué de Bouzaréah, à qui il incombe de dégager une solution. » En attendant une issue à ces cas socialement cruels, c'est le palais qui en pâtit.