La presse algérienne a été clouée au pilori, à maintes reprises. Les coups de semonce de la justice dans les affaires de la presse attestent du recul dans la liberté d'expression en Algérie. Dans les rapports traitant de la liberté d'expression dans le monde, l'Algérie apparaît à la traîne, loin derrière la Mauritanie, le Botswana, le Tchad et le Kirghizstan. Dans son dernier rapport sur la liberté de la presse, l'organisation Reporters sans frontières a classé l'Algérie à la 123e place. Le directeur du journal El Watan, Omar Belhouchet, est ainsi devenu un habitué des tribunaux. En une seule journée (le 16 mars 2009), il a reçu pas moins de 14 convocations de la police. Le 27 mai 2008, Omar Belhouchet et le chroniqueur Chawki Amari ont été condamnés, à 2 mois de prison et à une amende d'un million de dinars pour avoir suggéré que le wali de Jijel était lié à des affaires de corruption. Ali Fodil, directeur du journal El Chourouk a été lui aussi poursuivi pour la même affaire pour avoir publié un article incriminant le wali de Jijel. Fouad Boughanem, directeur de publication, et Hakim Laâlam, chroniqueur du Soir d'Algérie, ont été condamnés à deux mois de prison ferme et à 250 000 DA d'amende chacun et une autre amende de 250 000 DA pour le journal. Le délit : offense au chef de l'Etat.Le directeur du journal El Waha, Nadjar El Hadj Daoud, était lui aussi passé par les fourches caudines des tribunaux pour avoir dénoncé des scandales de corruption et de trafic d'influence à Ghardaïa. Noureddine Boukraa du quotidien Ennahar a été interpellé et placé en garde à vue pendant plus de 24 heures à cause d'un article sur les liens, supposés ou réels, entre les forces de l'ordre de Annaba et la mafia locale. Deux journalistes du quotidien El-Chourouk ont été condamnés, à 6 mois de prison avec sursis suite à une plainte en « diffamation » déposée en 2006 par le président libyen Mouammar Al Kadhafi. Le 16 mai 2008, Jamal Belkadi, correspondant d'El Watan à Constantine, a été brutalisé par le chef de sûreté de wilaya alors qu'il prenait des photos sur les lieux d'un attentat. Son matériel a été confisqué. Poursuivi pour avoir « franchi le périmètre de sécurité », le photographe a été condamné un mois plus tard à une faible amende. Il est à constater, néanmoins, que le nombre de journalistes déférés devant les tribunaux est en baisse par rapport aux années 2004 et 2005. Pas moins de 18 journalistes ont été condamnés pour délits de presse à la prison ferme pour la seule année 2005. Même si cela n'est pas symptomatique du respect de la liberté d'expression, il pourrait être perçu comme une volonté de calmer le jeu. Le président de la République a fait des promesses, les journalistes attendent des faits.