Genève (Suisse). Correspondance particulière Genève, ville dangereuse ? C'est en tout cas ce que prétend Kofi Annan. L'ancien secrétaire général de l'ONU vit dans la peur depuis plusieurs mois, lui qui demeure dans une superbe villa de la ville du bout du Lac. Il a été agressé verbalement à plusieurs reprises dans les rues historiques de la cité internationale. Alors menacé Kofi Annan ? Pas tant que cela, selon Ban Ki-moon. Le successeur du Ghanéen à la tête de l'ONU n'y croit pas du tout à ces agressions. Il a donc refusé de signer la feuille de route de sécurité de Kofi Annan. En clair ? Le Sud-Coréen ne veut pas payer des gardes du corps au prix Nobel de la paix 2001, comme ce dernier le lui réclame à cor et à cri. Il faut dire que surveiller 24 heures sur 24 un homme public comme Annan coûte un saladier, même s'il vit dans une maison de maître, mise à disposition par une banque privée de la place. Les spécialistes parlent de plusieurs centaines de milliers de francs par année. Question à deux balles : qui va s'occuper alors de rassurer le couple Annan ? Il se dit à Genève que le plus Ghanéen des Genevois va se tourner vers la police genevoise. Logique : Genève, c'est aussi sa ville puisqu'il y a étudié les relations internationales. L'ancien secrétaire général de l'ONU y a aussi créé sa fondation – le Forum humanitaire mondial – pour venir en aide aux nécessiteux de la planète grâce à l'appui financier de la Confédération et du canton. Mais le canton de Genève a déjà fait savoir qu'il a d'autres chats à fouetter. En plus, qui peut avoir peur dans une ville aussi sage et tranquille qui abrite des stars comme Adjani, Delon ou des milliardaires comme les émirs du Golfe ? Personne généralement. Visiblement, Annan est très sensible, susurre-t-on dans les salons feutrés de la Genève internationale. Trop, peut-être, mais la politique du mouton noir de l'UDC a très certainement fait là une victime de choix. Autre piste également : Kofi Annan porte comme un boulet l'échec de la guerre en Irak, lui qui n'a pas réussi à éviter cette effroyable boucherie en laissant les USA ouvrir la boîte de Pandore. Il n'a pas réussi non plus à redresser la barre de l'ONU, le grand homme malade de la planète. Et pendant son règne, les Nations unies ont brillé par leur absence. Et si ces soucis de sécurité n'étaient pour Kofi Annan qu'une manière de cacher ses déboires avec son Forum humanitaire ? A part la Suisse, personne ne l'appuie. L'ONU le regarde même de très haut. Les autres ONG ne comprennent pas cette nouvelle concurrence. Et peut-être que le Ghanéen, dans ces conditions, pense aller voir ailleurs. Ne dit-on pas que son chien a la gale quand on veut s'en débarrasser…?