La région de Tébessa est secouée par une pénurie de carburant sans précédent depuis plus d'un mois. La situation est devenue alarmante quant à l'indisponibilité du carburant dans les stations-services à travers le territoire de la wilaya. Ce n'est pas une crise passagère, comme tout le monde le croyait. En fait, c'est la grande difficulté à laquelle sont confrontés, au quotidien, les propriétaires de véhicules. Le carburant est devenu une matière précieuse, qui est l'objet de spéculation des contrebandiers. Le spectacle désolant des longues files interminables devant les stations, créant des attroupements au bord des routes, évoque pour certains la crise du pétrole ayant secoué l'Europe dans les années 1970. Les automobilistes passent des heures, voire des jours à attendre l'hypothétique carburant. Quelques propriétaires de stations d'essence pointent du doigt la contrebande qui ne désarme pas dans la région. C'est un véritable fléau qui est entré dans les mœurs de tous les habitants, surtout ceux des localités jouxtant les frontières. Certains camionneurs, chauffeurs de taxi, des jeunes et moins jeunes font de la contrebande avec cette matière. « Moi, ça m'arrange très bien de faire de la contrebande de mazout, c'est mieux que d'être au parc durant des journées entières et d'attendre une course de5000 DA ; maintenant, avec mon double réservoir, je peux gagner jusqu'au 12 000 DA par jour », déclare un chauffeur au volant de son tracteur de semi-remorque. Ajouter à cela une perturbation flagrante dans l'approvisionnement des stations-services en essence ou en mazout par les services de Naftal. « Naftal a diminué de moitié l'approvisionnement en essence et en mazout en raison de la contrebande qui a investi la ville même. Les contrebandiers viennent de partout : de Bir El Ater, Bouchebka et Ras Laâyoune, pratiquement de toutes les localité frontalières ; ils s'approvisionnent surtout en mazout et en essence normale, et parfois en essence sans plomb », affirme un jeune pompiste. Cette crise incessante a commencé en premier lieu dans la région de Bir El Ater, avant de s'étendre à tout le territoire, même aux wilayas limitrophes, telles qu'Oum El Bouaghi et Khenchela. C'est le fait de contrebandiers chevronnés, habitués au risque, sachant déjouer toute autorité ; ils s'adonnent à ce trafic au grand jour, au vu et au su de tout le monde. Face à cette situation qui décourage les plus hardis, les propriétaires de voitures, qui en subissent les conséquences, se rabattent sur le marché parallèle pour se procurer du carburant auprès des contrebandiers à des prix qui dépassent l'entendement ; 40 DA/le litre d'essence normale et sans plomb, et 30 DA/le litre de mazout, alors qu'ils coûtent respectivement 23 DA et 13 DA à la station. En Tunisie, le litre d'essence coûte 4 fois plus cher qu'en Algérie.