« Il faut que le contenu de la loi du quota soit clair et sans équivoque et conforme aux demandes des militantes », prévient Nadia Aït Zaï, directrice du Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme (CIDDEF). Accoutumées, comme elles le soulignent, à faire l'objet « d'instrumentalisations politiques et de lois équivoques », les militantes féministes craignent que l'avant-projet de loi imposant un quota féminin aux partis politiques reste « ambigu » et ne soit, en pratique, pas appliqué. Car ladite commission, composée de magistrats et de représentants de ministères concernés tels que le ministère délégué chargé de la Famille et de la Condition féminine, n'a pas associé le mouvement associatif, selon ses représentantes, « pourtant initiateur de ce projet ». « La commission nationale a bien avancé dans ses travaux », nous apprend un membre de la commission sous le couvert de l'anonymat, avant d'ajouter : « Nous avons décidé d'un quota de participation effective à atteindre, à partir de 30%, et des modalités d'application ou de réalisation de ce système. » Les femmes qui, jusque-là étaient rarement présentées sur les listes électorales, sinon tout simplement absentes de ces listes, voient en cette initiative un pas vers une émancipation, fruit d'un long combat. « Une telle décision permettra de reconnaître la femme en tant qu'acteur politique et non seulement une participante à la guerre de libération comme le cite l'histoire », espère Nassera Merah, féministe, doctorante en sociologie, avant de poursuivre : « Elle permettra aussi aux femmes de se battre contre les partis pseudo-démocratiques, qui ont toujours rejeté la participation des femmes dans la chose politique, prétextant qu'elle ne sont ni compétentes ni engagées. » Pour garantir l'application de la loi, les militantes proposent des pénalités : « Il faut prévoir des mesures incitatives à l'égard des partis politiques pour leur imposer ce pourcentage. Nous avons proposé parmi ces mesures, soit des pénalités financières, soit le rejet de leur liste électorale, précise Nadia Aït Zai. Les partis politiques doivent être tenus par une obligation de résultat. » Rappel En mars dernier, le ministère de la Justice a décidé de mettre en place une commission pour l'élaboration d'une loi organique imposant un quota de femmes aux assemblées élues. Cet avant-projet de loi organique vient en application de l'article 31 bis introduit dans la Constitution le 12 novembre 2008, stipulant ceci : « L'Etat œuvre à la promotion des droits politiques de la femme en augmentant ses chances d'accès à la représentation dans les assemblées élues. »