Depuis vendredi dernier et jusqu'au 31 août, pour laisser les stocks de poissons se reconstituer pendant la période de reproduction, la pêche au chalut est suspendue comme tous les ans, à l'intérieur de la zone de frai. En effet, les chercheurs le clament sans arrêt : le repos biologique est indispensable à la reconstitution des stocks halieutiques. Mais du côté des pêcheurs, cette mesure est tièdement accueillie. D'abord parce qu'elle arrive après un hiver particulièrement mauvais. « En vingt ans, je n'ai jamais vu une année pareille ! », assure Mohamed Larbi Yahiouche, le président de la Chambre nationale de pêche et d'aquaculture. D'après plusieurs directions de la pêche, la production de la pêche au premier trimestre 2009 aurait baissé de quasi 40% par rapport à l'an dernier. Du côté du ministère, la communication assure qu'« aucun chiffre n'est encore définitif ». « Nous n'avons pas de halle à marée où recenser les débarquements, alors comment pourrait-on avoir des statistiques fiables ?, s'interroge un responsable du secteur. On sait qu'il n'y a pas eu de poisson cet hiver. Mais ce n'est pas propre à l'Algérie, tous les pays du bassin méditerranéen connaissent la même crise. » La direction d'Alger a enregistré environ 30% de sorties de bateaux en moins. « A cause du mauvais temps, certains d'entre nous ne sont pas sortis pendant plus de vingt jours, témoigne un pêcheur. Et ceux qui s'y aventuraient rentraient souvent bredouilles. » Autre réserve : la mesure ne serait pas adaptée à la géologie du plateau continental algérien. « Aller pêcher plus loin, c'est peut-être possible à l'Ouest, mais pas chez nous, souligne le président de la CNPA à Annaba. Car à deux ou trois kilomètres des côtes, le fond est de plus de cent mètres. Et à cette profondeur, on ne pêche rien ! » Une autre réserve porte sur la façon dont la réglementation est appliquée. « Beaucoup de garde-côtes ferment les yeux sur ce qui se passe en mer sous prétexte qu'ils ne peuvent pas appréhender les pêcheurs en flagrant délit », note-t-on du côté des autorités. Pour cette raison, chaque direction va créer une cellule chargée du suivi et du contrôle de l'application de la réglementation. « Car si nous ne prenons pas de mesures restrictives, prévient Rabea Zerrouki, à la tête de la direction à Alger, nous n'aurons plus de poissons près des côtes. »