Quelque chose semble bouger au Proche-Orient depuis l'élection du nouveau président de l'Autorité palestinienne avec une déclaration du président Bush qui a salué les débuts du président palestinien Mahmoud Abbas, un homme « qui porte la volonté de son peuple, ce qui inspire confiance aux autres dirigeants. » Et d'ajouter, mais cela n'est pas fondamentalement nouveau dans le discours américain : « Je pense que deux grandes ironies de l'histoire consisteront dans le fait qu'il y aura un Etat palestinien et un Irak démocratique pour montrer la voie aux peuples qui veulent désespérément acquérir leur liberté ». De son côté, le Premier ministre israélien Ariel Sharon a estimé jeudi qu'« une percée historique est possible avec les Palestiniens. » « Je pense qu'une percée historique est possible dans nos relations avec les Palestiniens. Je tiens à souligner que nous découvrons des signaux encourageants, mais ces choses doivent encore être vérifiées », a-t-il déclaré devant l'association israélienne des entrepreneurs. « Il y a une approche et des développements positifs concernant la lutte de l'Autorité palestinienne contre la violence et le terrorisme et dans la promotion du processus politique », a-t-il ajouté. Sharon a en plus souligné : « Nous sommes prêts à aller loin, nous sommes prêts à beaucoup de concessions, mais nous ne ferons pas la moindre concession dans le domaine de la sécurité d'Israël et de ses ressortissants », a-t-il conclu. Enfin devrait-on souligner, la nouvelle secrétraire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, va se rendre en tournée au Proche-Orient la semaine prochaine, a annoncé jeudi le département d'Etat. Mme Rice quittera Washington le 3 février pour rendre en Israël et en Cisjordanie, a indiqué le porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères, Richard Boucher. Ces visites en Israël et en Cisjordanie visent à encourager les progrès enregistrés entre Israéliens et Palestiniens depuis l'élection de Mahmoud Abbas à la présidence palestinienne. Autre signe de décrispation, Israël a accepté le principe d'une libération de quelque 900 détenus palestiniens dans un avenir proche, a affirmé jeudi un haut responsable palestinien, tandis qu'un autre israélien a souligné qu'aucun accord formel n'avait été conclu. « Nous avions réclamé 5000 détenus mais ils n'ont accepté que 900. Nous discuterons de leur identité et des critères de leur remise en liberté lors de notre prochaine réunion », a-t-il ajouté. Un membre de l'entourage de M. Sharon a confirmé que des entretiens s'étaient déroulés à ce propos, mais a démenti qu'un accord ait été conclu. « La question des prisonniers a été soulevée durant la rencontre de mercredi, et elle s'inscrit parmi toute une série de problèmes qui doivent être abordés par Abou Mazen (le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas) et M. Sharon lors de leur rencontre, probablement dans deux semaines. » La question des quelque 8000 détenus palestiniens est l'une des plus sensibles parmi celles qui opposent Israël et les Palestiniens. M. Abbas a réussi à arracher aux groupes armés, comme le Hamas et les Brigades des martyrs d'Al Aqsa, un engagement de principe de respecter une période de calme avec Israël, bien que ces mouvements insistent pour que cessent les liquidations de leurs chefs et que soient libérés les détenus palestiniens. Israël a, en outre, indiqué sa disposition à céder le contrôle de cinq villes de Cisjordanie à la sécurité palestinienne dans les dix prochains jours. M. Sharon avait dans le passé été accusé d'avoir entravé le mandat de M. Abbas lorsqu'il était Premier ministre de l'Autorité palestinienne dirigée par Yasser Arafat, en refusant de relacher des détenus. « Nous avons reçu des signaux positifs des Israéliens montrant qu'ils veulent cesser les liquidations, se retirer de plusieurs villes, et même relacher un nombre important de détenus », avait indiqué mercredi une source proche de M. Abbas sous couvert de l'anonymat. Par ailleurs, les policiers palestiniens ont achevé hier de se déployer dans l'ensemble de la bande de Ghaza, où le mouvement islamiste Hamas est sorti grand vainqueur d'élections municipales partielles. L'opération de déploiement a porté hier sur le sud de la bande, où 2000 policiers ont pris position alors que plus de 2000 de leurs confrères avaient déjà fait de même dans la partie nord de ce territoire. Toutefois, cette tendance, à supposer qu'elle soit réelle, ne doit pas susciter le moindre enthousiasme, en ce sens que si les Israéliens affichent une certaine bonne volonté, c'est juste pour ne pas endosser un échec éventuel, une hypothèse très forte. Et même trop, puisqu'Israël a constamment mis en échec les différents plans de paix. Stricto sensu, discussions ne veulent absolument rien dire et encore moins un quelconque engagement, et cela ne répond en aucun cas aux demandes des Palestiniens qui réclament une reprise des négociations. Mais, dira-t-on, il y a un début à tout, sauf que pour les rapports palestino-israéliens, c'est l'éternel recommencement.