Annaba. De notre bureau Bien qu'il soit l'un des premiers à être lancé, le projet d'organisation et de réaménagement de la décharge publique de Berka Zerga de la wilaya de Annaba, destiné à maîtriser la gestion de plusieurs centaines de tonnes de déchets dangereux quotidiennement déversés, n'est pas près d'être achevé. Il avait été initié en 2001 par la direction de l'environnement et financé par les communes de Annaba (10 MDA), El Bouni (6 MDA), El Hadjar (5 MDA) et Sidi Amar (8 MDA). Malgré le fait que des dates aient été fixées pour son lancement et que l'EGDA, une entreprise chargée de son suivi, ait été créée, ce projet a rejoint beaucoup d'autres dans les archives des décideurs. Prévus pour être lancés en juin 2002, les travaux de réalisation avaient été différés à octobre 2003. Plusieurs années après, l'on est toujours au stade des travaux, y compris au niveau de la direction de gestion de la décharge. En effet, cette dernière a même fait l'objet d'une enquête minutieuse diligentée par la Gendarmerie nationale. Dans ce dossier, il est question de mauvaise gestion, de détournement et de dilapidation de deniers publics dont 2 photos spots payées par chèque (CPA n° 3032552) à 140 000 DA en est un exemple. Ancien élu à l'Assemblée populaire communale d'El Bouni, l'ex-directeur de cette entreprise connaît actuellement plusieurs démêlés avec la justice. La dénonciation émane de M. Benaïdoun, cadre de l'EGDA évincé. Contacté, celui-ci affirmera : «L'ex-directeur a été reconnu coupable de mauvaise gestion et de dilapidation de deniers publics.» Autre projet mis en veilleuse, la mise à disposition par la SNTF au profit des APC de Annaba, d'El Bouni, de Sidi Amar et d'El Hadjar de 10 wagons. D'une capacité de chargement de 60 t chacun, ces wagons répondent aux normes particulières de ramassage des déchets ménagers, industriels et hospitaliers. D'un coût estimé à 30 millions de dinars, le projet avait fait l'objet d'une large campagne médiatique. Il comportait également la création d'un espace de pré-stockage à proximité de la gare Allelick (El Bouni) qui jouait ainsi le rôle de station de transit des ordures avant leur acheminement par rail sur Berka Zerga. Le financement de ce projet devait être assuré conjointement par la wilaya, le ministère de l'Environnement et des ONG internationales, notamment la fondation allemande GTZ dont le modèle en matière de protection de l'environnement a toujours inspiré notre pays. Absence de volonté et laisser-aller Le projet de Berka Zerga qui a englouti plusieurs milliards entre études et réalisation n'a pas encore vu ses bassins, ses tapis et encore moins le traitement et le recyclage de ses ordures. Pour preuve, M. Halimi, président de l'APEP, une association de l'environnement, déclare : «Ces projets ne datent pas d'hier. Ils ont été soumis aux autorités concernées depuis plus d'une dizaine d'années. L'absence de réalisme et l'indifférence des responsables locaux ont fait que ce projet est resté inachevé. Contrairement à de nombreuses décharges de même type lancées dans plusieurs wilayas, seul celui de Berka Zerga n'est pas encore prêt à voir le jour.» L'absence de toute réaction des autorités locales face au phénomène de la prolifération des décharges sauvages et leur indifférence quant à la prise en charge de ce dossier se sont négativement répercutées sur l'environnement à l'échelle de la wilaya. Pour M. Halimi, cette situation est également la conséquence de l'anarchie et du manque de contrôle des déversements et des incinérations des ordures tous types confondus. Selon lui, la wilaya de Annaba compte pas moins d'une vingtaine de dépotoirs incontrôlés où sont quotidiennement déversées plus de 700 t de déchets solides dont 350 t provenant de la seule commune de Annaba. «De Coquette, Annaba s'est transformée en une ville polluée et invivable. Elle figure dans le lot des villes les plus atteintes par la pollution en Algérie avec ses décharges sauvages à Boukhmira, Bousedra (commune d'El Bouni), Sidi Brahim et Rym (Annaba) et El Hadjar. Notre wilaya dispose de moyens pour se prémunir contre cette situation. Ce sont la volonté et la motivation de nos responsables locaux qui font cruellement défaut.»