Les autorités srilankaises restent sourdes aux appels internationaux, les invitant à cesser les bombardements contre des civils pris au piège dans la zone, jusque-là sous le contrôle des rebelles des Tigres tamouls. Le Comité international de la Croix-Rouge considère le drame de cette ethnie minoritaire comme une « catastrophe humanitaire inimaginable ». New Delhi : De notre envoyée spéciale Des milliers de civils, estimés entre environ 20 000 et 50 000, vivent un calvaire insoutenable, empêchés de quitter une zone régulièrement bombardée par l'armée srilankaise et survivant dans des conditions inhumaines. Pour vaincre la guérilla des rebelles des Tigres tamouls, qui combattent depuis 35 ans contre le gouvernement de la majorité cingalaise, l'armée srilankaise n'a pas lésiné sur les moyens. Soutenu par les puissances régionales, la Chine, la Russie et surtout par l'Inde, pays où vivent 60 millions de Tamouls, le gouvernement de Colombo a choisi de sacrifier des milliers de civils pour éradiquer l'activité paramilitaire des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE). Entassés dans un territoire d'à peine deux kilomètres carrés, au nord-est du pays, coupés du monde, les survivants aux bombardements veillent leurs morts, dont le nombre a dépassé, en trois mois, les 6 500 victimes. Dans des hôpitaux de fortune installés par des médecins volontaires, et bombardés à leur tour, il n'y a plus rien pour soigner les milliers de blessés. Les aides acheminées auparavant par bateau sur l'île n'y parviennent plus depuis des semaines, de quoi alarmer la communauté internationale. Après le Conseil de sécurité de l'Onu qui a appelé les belligérants à épargner les civils, c'est le président américain, Barack Obama, qui invite le gouvernement srilankais à cesser les bombardements aveugles. Mais les autorités à Colombo restent inflexibles et le président Mahinda Rajapakse a promis que d'ici à demain que « les civils seront sauvés des griffes des tigres tamouls ». En attendant, des centaines de civils ont réussi, jeudi, à fuir les zones de combats pour s'ajouter aux 115 000 qui avaient réussi à se mettre à l'abri entre les 20 et 25 avril derniers. Les Tamils vivant en Inde ne restent pas indifférents au sort de leurs frères au Sri Lanka, et se sentent trahis par les autorités de Delhi. Le gouvernement indien, qui a tenu les élections législatives ces derniers jours, a préféré observer un silence total sur ce drame pour ne pas perdre les voix des électeurs tamils, d'une part, mais surtout pour ne pas compromettre ses relations avec Colombo, d'autre part. Par ailleurs, les responsables indiens n'ont jamais eu la moindre sympathie pour le mouvement indépendantiste mené par les Tigres tamouls tenus pour responsables d'avoir assassiné, en 1991, lors d'un attentat suicide commis par une militante du LTTE, le premier ministre Rajiv Gandhi. Les tigres tamouls lui reprochaient d'avoir envoyé au Sri lanka des troupes indiennes pour les combattre.