Dans le cadre du Mois du patrimoine, une rencontre a été animée, mercredi et jeudi derniers, à l'auditorium du Palais de la culture par des spécialistes autour de la sauvegarde des sites et monuments à protéger dont les Casbahs. Ces anciennes médinas de Constantine, Béjaïa, Dellys et plus particulièrement celle d'Alger, inscrite dans les tablettes de l'Unesco, en tant que legs mondial à protéger depuis 1992, ont été au centre des préoccupations des intervenants qui, comme à l'accoutumée, ont eu à décrypter, chiffres à l'appui, l'état des lieux de ces cités qui ne prête pas beaucoup à l'optimisme. Grosso modo, la volonté politique, le nerf de la guerre et surtout le travail expéditif et vicié effectué par des entreprises non qualifiées dans la restauration ont été, entre autres, les carences relevées lors de cette rencontre. Quelque part, certes, il y a une prise de conscience de la necessité de réhabiliter cette entité matérielle (les cités anciennes et autres ksour du Sud). On en parle davantage et parfois à perte de salive de la sauvegarde et de la démarche de préservation à adopter pour perpétuer cette mémoire ancestrale. Puis, niet. On élabore à chaque fois, et ce, depuis plus de quarante ans un programme de relance de protection avant de le remplacer par un autre plan estimé plus fiable et performant. Mais sans suite. Depuis le Comedor jusqu'au plan permanent de sauvegarde de La Casbah d'Ibn Mezghena en passant par l'Ofirac et l'Ofares, qui a excellé dans le travail de bricolage, le terrain nous renvoie une autre image et les politiques de sauvegarde qui se suivent semblent se perdre dans une spirale. L'association Athar n'avait pas manqué de tirer la sonnette d'alarme sur cette ambivalence : « Combien de temps encore durera ce terrible paradoxe d'une Casbah classée au patrimoine mondial parmi les sites les plus beaux et les plus significatifs de l'histoire humaine et sa réalité ? », est-il écrit dans son bulletin de mai 2008. Au risque d'ennuyer, sinon enquiquiner certains « bien pensants » qui ne veulent plus entendre parler de cette Casbah d'Alger qui abrite le mausolée de Sidi Abderrahmane, je m'interroge, à l'occasion, sur la restauration de la citadelle qui avance à tâtons, celle qui a vu défiler plusieurs chefs de projet depuis 30 ans sans une réelle et efficiente prise en charge. Et pourtant, un Yacine Ouegueni, architecte restaurateur avisé, et bien d'autres jeunes techniciens tenaient à faire sortir cette qalaâ de sa torpeur, voire à remettre en selle certaines manufactures de matériaux qui épousent l'authenticité des éléments architectoniques. Mais on s'échine à rallonger l'échéance de la restauration du site en renvoyant sa livraison aux calendes grecques.