Le ministère de la culture appuiera la formation d´architectes spécialisés en restauration. La protection du patrimoine immobilier ne cesse de faire l'objet de journées d'étude. Celles-ci se suivent et se succèdent sans pour autant que l'on arrive à prendre sérieusement en main ce secteur combien névralgique. La dernière en date est celle organisée, avant-hier à la Citadelle du Dey à Alger, par l'Agence nationale d'archéologie et de protection des sites et monuments historiques, au profit des architectes spécialisés en restauration. Cette rencontre, animée par de hauts cadres du ministère de la Culture et de l´Agence d´archéologie ainsi que par des spécialistes, s´inscrit dans le cadre de l´élaboration des études de restauration des biens immobiliers protégés et des plans permanents de sauvegarde, de protection et de mise en valeur des secteurs sauvegardés (centres anciens tels que les casbah d´Alger, de Constantine, de Dellys et de la vallée du M´zab), ainsi que des sites archéologiques. «Cette journée vise à réunir les spécialistes en restauration afin de leur expliquer les attentes du ministère de la Culture dans le cadre de ces études», a indiqué, M.Mohamed Dahmani, directeur général de l´Agence nationale d´archéologie et de protection des sites et monuments historiques. Cependant, ce genre de journée est généralement réduit à sa juste expression. Jamais on a atteint le but escompté. La preuve, si cela s'avère nécessaire, la Casbah d'Alger ne cesse d'être «le souffre-douleur» aussi bien de la colère du temps que de la bêtise humaine. Pour rappel, ce joyau architectural a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial à la 16e session du Comité de l'Unesco, en décembre 1992. En dépit de cet état de fait, les pouvoirs publics semblent ne lui prêter aucun intérêt. Le visiteur qui se rendra pour la première fois à cette cité, se rendra compte par lui-même de l'état de délabrement avancé dont souffre la Casbah. Tous les plans de réhabilitation de cette ville, qui est à son sixième centenaire, se sont avérés inappropriés. Pis encore, lorsqu'on procède à la restauration des vieilles bâtisses, on le fait sans prendre en compte les normes architecturales appliquées dans ce genre de travail. Et les spécialistes n'ont de cesse de tirer la sonnette d'alarme quant aux procédés utilisés dans la restauration. Dans cette optique, il faut souligner que les briques utilisées dans la construction des bâtisses de la Casbah ont été fabriquées à base de chaux mêlée à de l'argile, qui est une matière très légère qu'on peut comparer au gypse. Actuellement, on ne respecte jamais ce procédé. Pis encore, plusieurs bâtisses sont reconstruites avec du béton et de la brique. Ces matières sont réputées lourdes, cela accélère l'effondrement de la vieille ville. Outre cette réalité amère, jusqu'à présent seuls les architectes sont à pied d'oeuvre. Ces derniers, dans la plupart des cas, ne sont pas spécialisés dans la restauration des villes dites historiques lesquelles villes, à l'instar de la Casbah, possèdent une structure architecturale bien définie et spécifique. En ce sens, le directeur général de l´Agence nationale d´archéologie et de protection des sites et monuments historiques, M.Dahmani, a confié que des réunions de travail seront envisagées entre le ministère de la Culture et le ministère de l´Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique en vue de la formation d´architectes spécialisés en restauration. Néanmoins, doit-on se contenter uniquement de ça? Pourquoi n'associe-t-on pas les artistes dans la restauration des vieilles cités? La question demeure sans réponse, d'autant plus qu'on n'a jamais pris au sérieux ce genre de dossier. Pourtant, l'identité d'une nation se reconnaît aussi bien dans la spécificité de son patrimoine immatériel que matériel.