Outrage du temps, indifférence des pouvoirs publics, seules des décombres persistent à dessiner les contours mal tracés de ce qui reste de la Médina de Constantine. La cité antique avec sa Souika, sa Casbah, est un réservoir historique de la mémoire collective et de l'identité fondamentale, elle fait face aujourd'hui à une situation de total dépérissement. Pourtant, le conseil de gouvernement a, en date du 18 mai 2005, promulgué un décret portant création et délimitation des secteurs sauvegardés de la Médina, une démarche qui s'inscrivait dans le cadre des actions de préservation et de valorisation du patrimoine national culturel et historique. En juin de la même année, le site de la vieille ville a été classé patrimoine national protégé. Depuis, bien des initiatives de réhabilitation ont tout bonnement foiré ou ont été remisées dans les placards des centres de décision. Il en a été ainsi de l'étude Master Plan faite par des experts italiens et qui vient d'être finalisée et déposée au ministère de la Culture. D'autres tentatives menées avec l'opiniâtreté de la société civile constantinoise buteront sur l'indifférence des pouvoirs publics, tel le projet pilote de la maison constantinoise, élaboré par la cellule de réhabilitation et de restauration de la vieille ville et qui a, depuis l'année 2004, rassemblé plus de 500 dossiers de propriétaires disposés à réhabiliter leurs demeures. Aujourd'hui, à la faveur du séminaire international sur la Médina qui se déroule depuis le 2 juillet, un intéressement nouveau est apparu, prenant à cœur de fouiller aux moindres recoins les décombres de la Médina, mais encore de remonter les origines au moyen de toute la rigueur que permet la science. N'est-ce pas alors, autant pour la société civile que pour l'administration, l'occasion tant souhaitée pour expurger le présent en payant la caution du passé et expier le prix des ratages nombreux et les moult dérapages que le cheminement du dossier de réhabilitation a eu à endurer ? « Constantine passé, présent et devenir, la Médina du péril au projet urbain pilote », c'est autour de cet axe thématique central que la restauration de la Médina acquiert le statut d'enjeu culturel, urbanistique et social. C'est dans ce sens que les participants spécialistes, urbanistes, représentants de la société civile et responsables de l'urbanisme des villes anciennes se sont attachés à évaluer d'abord tout ce qui a été fait pour faire aboutir un plan de sauvetage et de réhabilitation. Pour sa deuxième journée, les ateliers de ce séminaire ont abordé des sujets de fond traitant des rapports entre héritage et patrimoine, le type et la nature de la restauration, la relation de la Médina à la ville, les stratégies et démarches de sauvegarde et de projet urbain… Les expériences des Tunisiens et des Marocains en la matière ont permis des éclairages importants, les communications de Khalid Mikou, architecte marocain, et Faika Bejaoui, architecte et présidente de l'association de sauvegarde de la Médina de Tunis, ont été précieuses et d'un apport certain. Les recommandations tant attendues de ce séminaire international qui sera clôturé aujourd'hui seront condensées dans un canevas de propositions qui sera remis au wali de Constantine. Ce dernier a promis lors de l'ouverture des travaux du séminaire d'en faire sa feuille de route pour entamer au plus vite les travaux de réhabilitation. Il reste à savoir si le projet de sauvegarde sera retenu comme projet pilote pour les autres Médina.