« J'ai vécu plusieurs campagnes électorales, mais c'est la première fois que je vois les patrons s'engager réellement tout en étant militants de leur cause, c'est-à-dire produire des richesses, de l'emploi dans leur charmant pays ! » : c'est le directeur de campagne du président-candidat, le ministre Abdelmalek Sellal, qui s'émeut devant les membres du Forum des chefs d'entreprises (FCE) lors de leur réunion de soutien à Bouteflika le 18 mars, à la veille du lancement de la campagne électorale. Dès les premières heures de la campagne électorale, ils étaient tous au rendez-vous : capitaines d'industrie ou grands importateurs, PDG des grands groupes publics et même des hommes d'affaires en disgrâce ou en pleine liquidation judiciaire. Villas somptueuses, compagnies de transport, téléphonie, multimédias, édition… des moyens colossaux ont été mis à disposition d'un candidat assuré de sa réélection. Certains n'ont pas dissocié cette généreuse allégeance des options économiques qui se profilent à l'horizon du troisième mandat. A commencer par les tirs groupés des « directives Ouyahia », batteries protectionnistes qui ont fait hurler les investisseurs étrangers… et plus discrètement leurs chancelleries respectives. Ou au regard des appétits des groupes algériens privés de BTP qui lorgnent du côté des chantiers pétroliers, réservés aux géants étrangers. Sans parler du fait que supporter le chef revient à se prémunir de ses cerbères : le fisc, l'inspection du travail, la justice ! En tout cas, en soutenant le gagnant, les numéros 1 de l'entreprenariat algérien n'ont pris aucun risque. Au contraire.