Le président Bouteflika aura à choisir entre deux options : reconduire les mêmes ou nommer une nouvelle équipe pour mettre en œuvre la feuille de route dont il avait esquissé hier les grandes étapes. L'investiture du président Bouteflika, hier au Club-des-Pins, clôt définitivement le long feuilleton de l'élection présidentielle que Abdelaziz Belkhadem avait ouvert le jour où il évoqua la perspective d'un troisième mandat. Exit les empoignades électorales et place désormais à l'action pour la mise en œuvre du programme du chef de l'Etat qui est tenu d'apporter des réponses aux attentes des citoyens qui l'ont plébiscité le 9 avril dernier. La mise en route de ce programme, dont il avait esquissé hier les grands linéaments, passe par le préalable de la formation du gouvernement. Le cabinet Ouyahia sera-t-il reconduit ? Si c'est le cas, le sera-t-il pour toute la durée du mandat ou juste pour une période ? Mais une certaine logique politique voudrait qu'à nouveau mandat de nouveaux hommes. Car tout le monde convient que l'équipe actuelle est à bout de souffle. Elle a atteint le seuil d'incompétence. On est en plein dans “la stagnation de Peter”. L'exercice du pouvoir use. “Deux ans pour un gouvernement, c'est bon”, estimait un ancien Premier ministre français. Chez nous, il y a des ministres qui sont en poste depuis seize ans ! Un record qui mérite de figurer dans le Guinness Book. Il est vrai que le président Bouteflika, par souci de stabilité, en comparaison avec ce qui se faisait avant son retour aux affaires, avait préféré travailler avec les mêmes. Sauf qu'entre la stabilité et l'immobilisme, la frontière est ténue. D'ailleurs, combien de fois et combien de ministres, notamment au cours de ce deuxième mandat, avaient dû subir la mauvaise humeur du président Bouteflika, non content de leur gouvernance ! On se souviendra de la volée de bois vert essuyée par Mohamed Maghlaoui, à l'inauguration de l'aéroport international d'Alger. Haraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur, en sait, lui aussi, quelque chose sur les colères présidentielles. Idem pour son collègue Benbouzid. Cependant, le président Bouteflika n'est jamais allé au-delà de l'expression de son ire. Comme s'il s'agissait pour lui, à travers ses remontrances, de fouetter, de “réamorcer” les ministres pris en défaut de résultat plutôt que de les humilier. Abdelaziz Belkhadem, alors Chef du gouvernement, a eu lui aussi à se plaindre de l'équipe gouvernementale. “Ce n'est pas moi qui l'ai choisie”, avait-il fini par avouer un jour face au refus de Bouteflika d'accéder à sa demande de changement. Ahmed Ouyahia, sans aller jusqu'à faire un tel aveu, par orgueil, ne doit pas moins partager le sentiment de son prédécesseur. C'est que chez nous en Algérie, la nomination au poste de ministre obéit à une mystérieuse alchimie. Au cours de la campagne électorale, l'opinion a été témoin de signes cacophoniques de l'équipe gouvernementale ; Ouyahia taclait Temmar sur sa stratégie industrielle en lui reprochant de donner plus dans la “com”. Il soutenait aussi qu'il n'y aurait pas de dispositif sécuritaire particulier pendant la campagne électorale. Ce n'est pas l'avis de Noureddine Yazid Zerhouni qui assurait le contraire. C'est dire à quel point la solidarité et la cohérence dans le discours au sein du gouvernement sortant comptent (pour du beurre). Pour “gagner les enjeux d'avenir et relever tous les défis pour une Algérie sereine, forte et prospère”, le président Bouteflika a besoin non pas du classique jeu de chaises musicales, mais d'une équipe fraîche et motivée pour passer à la vitesse supérieure qu'exige le troisième mandat. Omar OUALI