Yasmina Khadra à Marrakech, Akli Tadjer à Alger, Jean-Marie Rouart à Essaouira au Maroc, Gonzague Saint Bris à Fès pour le Festival des musiques sacrées, la littérature s'invite à table. Dominique Colliat, directrice générale du Groupe Accor Méditerranée, à l'origine de cette idée, entend multiplier les idées originales pour conjuguer les différents arts au service du client. Pouvez-vous nous détailler cette initiative de Sofitel de la rencontre d'un écrivain et d'une ville ? Sofitel soutient, depuis deux ans, des domaines culturels différents, comme le cinéma et l'art, parce que le luxe est intimement lié à la culture et au mécénat. En ce qui me concerne et concerne la région que je dirige, j'ai choisi la littérature. Depuis deux ans, nous avons progressivement tissé des liens avec des auteurs francophones. Nous avons lancé ce projet de voyages littéraires en invitant certains auteurs à écrire une nouvelle d'une vingtaine de pages à la fois sur la ville où est implanté le Sofitel et sur l'hôtel en lui-même. Nous essayons plus particulièrement de programmer ces voyages lors d'événements forts qui se déroulent dans la ville et dans l'hôtel. Les auteurs sont ainsi complètement libres de s'inspirer de l'environnement dans lequel ils sont. Il est question d'étendre ces voyages littéraires sur l'ensemble du réseau international de Sofitel, que ce soit sur l'Egypte, les USA, ou la Chine..., et de pouvoir, à un moment donné, lancer une sorte de concours de ces nouvelles. Comment avez-vous choisi Akli Tadjer pour Alger ? Nous n'avons pas choisi Akli Tadjer, il a choisi Alger par lui-même. Nous n'imposons ni la ville ni le thème pour les nouvelles aux auteurs. Ils sont totalement libres. Akli, de part ses origines algériennes, a été probablement plus attiré par Alger. Nous ne suivons pas la règle qui désignerait un auteur algérien pour le Sofitel Alger ou un auteur marocain pour les Sofitel au Maroc. C'est le libre arbitre de l'auteur à qui nous présentons le projet et les destinations possibles. Il est certain que si plusieurs auteurs choisissent le même Sofitel, je serais amenée à prendre la décision finale. Et pour la musique, quels sont vos coups de cœur ? Pendant la semaine des arts gastronomiques au Sofitel Alger, nous avions choisi de créer un spectacle de danse très classique avec une danseuse de l'Opéra de Paris qui répondait à une danseuse orientale. Le point d'orgue de notre soirée du 2 mai a été le concert de Faudel, représentant cette biculture entre l'Algérie et la France. A titre personnel, j'aime beaucoup les textes et l'interprétation de Faudel. J'ai un faible pour le raï d'inspiration algérienne au même titre que j'aime écouter les chansons d'Oum Kaltoum... Même si je ne comprends pas les paroles, je suis sensible aux vibrations de son interprétation. Sur le plan personnel, comment devient-on directrice générale d'un grand groupe hôtelier ? En général, on accède à ce type de poste par sa volonté et son travail et par tous les efforts associés pour diriger des opérations hôtelières dans le luxe et sur le plan international. Il faut à la fois être passionné, ouvert d'esprit, parce qu'on dirige des équipes très différentes sur le plan culturel. D'un autre côté, il faut être très exigeant, ne pas faire de compromis sur le résultat, quel que soit le pays où l'on opère. En ce qui concerne mon parcours, je ne vous surprendrai peut-être pas en vous disant que j'ai commencé par des études de lettres, mais que j'ai choisi, néanmoins, de faire ma carrière dans l'hôtellerie. J'ai commencé, comme beaucoup de monde, au bas de l'échelle, puis j'ai été amenée à beaucoup voyager. Ce qui me motivait toujours et encore, c'était d'entraîner les équipes dans la réussite de nos objectifs et le surpassement de chacun.