Le périple musical, proposé tout au long de cette semaine par la 7e édition du Festival international constantinois, continue de prendre des couleurs et des sons à chaque halte, au grand bonheur des fidèles de la Jazz fusion. Le point de départ ayant été l'antre du Jazz, La Nouvelle-Orléans, le public ne cesse depuis de survoler les continents. De l'Amérique à l'Afrique, et passant par d'authentiques ambiances des Jazz clubs parisiens, les fidèles du festival en ont été bien gratifiés et on ne pouvait être mieux servi, cette fois-ci, que par un groupe venu droit de Paris. Le groupe Los Africanos, magnifiquement bien emmené par l'imprévisible, l'inimitable et néanmoins talentueux saxophoniste camerounais, Jean Jack Elangué, nous ont guidés dans une mélodieuse virée musicale, du côté de la rue des Lombards, dans le célèbre afro jazz club de la capitale du monde, le fameux Baiser salé, qui les a vu naître. La prestation du quintette parisien, imposante et solennelle, force le respect. La complicité sans faille des cinq artistes donne naissance à un jazz aussi pur que naturel, s'inspirant vraisemblablement du moment présent et de la chaleur communiquée par le public, source, comme l'affirme Elangué, de l'inspiration du groupe. Ce soir-là, le temps s'est agréablement figé durant le cool show du Camerounais et des Los Africanos. Servi à la trompette par un Nicolas Genest, sans pareil, le public ne pouvait s'empêcher d'applaudir chacune des performances de cet Afro trompettiste, qui s'inscrit indéniablement dans la digne lignée des Miles Davis et Louis Armstrong… Ses Fines notes s'invitent à l'ouïe comme une douce caresse, alors que Mario Canonge, véritable virtuose du piano, a ce don particulier pour invoquer les ancêtres du jazz sur scène. Chacune des vibrations des cordes de son magnifique piano à queue résonne comme un hommage aux maîtres du cool jazz. Les improvisations en solo d'Hadrien Feraud à la basse et de Denis Tchangou à la batterie s'inscriront incontestablement dans l'histoire du Dimajazz comme étant des moments privilégiés. Elangué, coiffé d'un bonnet aux couleurs du Cameroun, il restera fidèle à sa réputation de saxophoniste à l'aise dans toutes les tendances du jazz. Son jeu brut et immaculé s'imprime naturellement sur le jeu des artistes qui l'accompagnent. Son sourire et sa joie de vivre viennent compléter le bonheur que sa musique offre aux mélomanes. Les soirées du Dimajazz, s'inscrivant dans une logique d'une programmation variée, introduisant les différentes tendances du jazz, le public y découvrira aussi Mustapha MB, un groupe franco-algérien versé dans l'oriental, inspiré tantôt par les mélodies andalouses, tantôt par des standards du terroir algérien, à l'image de Baba Bahri servi juste après l'introduction musicale dédiée à Constantine, ville natale du leader du groupe. La prestation du Band sera diversement appréciée par les assidus du Festival, les puristes y voyant une bruyante intrusion dans la sphère délicate, et pourtant très ouverte du Dimajazz. Cela n'a pas empêché le public de danser tapageusement sur la musique de ce groupe. L'aventure continue !