L'ex-inspecteur général de la Sûreté nationale, Mohand Saïdani, et l'ancien chef de cabinet de Ali Tounsi, Mohand Amokrane, comparaissent aujourd'hui devant le tribunal correctionnel de Chéraga, près la cour de Blida. Un procès très attendu, vu les révélations que pourraient faire les deux prévenus pour se défendre. Mis sous contrôle judiciaire, puis en liberté provisoire, les deux prévenus sont poursuivis pour une affaire « de fausse signature » du DGSN, apposée sur une attestation de dépôt de plainte, remise à l'ancien directeur de la cité universitaire de Dergana, à Alger, et ex-coordinateur de la région est d'Alger, Belkacem Brahimi – jugé et condamné bien après à une peine de prison pour une affaire de corruption. Cette signature a pourtant été authentifiée par le laboratoire scientifique de la police. Aujourd'hui, les deux prévenus comptent lever le voile sur ce qui, selon eux, s'apparente à un « véritable complot ourdi » contre eux « par les milieux de l'argent et du pouvoir ». « Cette affaire remonte, en fait à 2004, lorsque Belkacem Brahimi avait déposé plainte contre l'ex-chef de la sûreté de wilaya d'Alger, M. Sebbouh », explique M. Saïdani. « Je venais d'être désigné au poste d'inspecteur général par intérim et à ce titre, j'ai poursuivi l'enquête que mon prédécesseur, décédé, avait ouverte. Les investigations menées durant près de six mois m'ont permis de constituer un dossier bien ficelé sur cette affaire sans aucune pression, intimidation ou influence quelconque sur les personnes entendues, que ce soit les policiers ou les civils, sur procès-verbaux réglementaires, lequel dossier a été transmis à la justice », dit-il. Et d'ajouter : « En mai 2006, j'ai été relevé de mon poste et mis en congé payé, jusqu'en février 2007, date à laquelle on m'a mis à la retraite alors que je n'avais pas encore atteint l'âge. » Quelque temps plus tard, M. Saïdani est convoqué par l'inspection générale pour être interrogé sur l'attestation de dépôt de plainte contre le transporteur des étudiants, Mahieddine Tahkout, remise par la DGSN à Belkacem Brahimi. « Je lui ai dit que ce document a été établi par moi- même et remis au directeur général qui l'a signé. J'ai attesté que le paraphe qui y était apposé était bel et bien celui du directeur général, Ali Tounsi. Il s'agit d'un document banal que tout citoyen est en droit d'obtenir lorsqu'il dépose plainte auprès des services de police. J'aurais pu le signer si j'avais la qualité d'officier de police judiciaire. Mais, en pratique, je l'envoie pour signature à travers le service d'ordre, et il revient au même service pour les cachets avant qu'il ne me soit transmis pour être remis au demandeur, en gardant bien sûr une copie pour les archives », a déclaré M. Saïdani, qui s'est interrogé sur les motivations qui ont poussé à l'ouverture d'un tel dossier, deux ans après l'enquête qu'il a menée sur l'affaire Tahkout et Brahimi.