Extraordinaire, incroyable et indescriptible ! Il n'est guère possible de trouver les termes justes pour décrire cette énigmatique soirée du Festival international constantinois, Dimajazz, marquant la quatrième halte du magnifique voyage musical entamé jeudi dernier à partir du Vieux-Rocher. En effet, il serait délicat de se risquer dans une fidèle narration des majestueux événements de cette soirée mystique sans craindre de manquer de pertinence à l'égard d'un artiste venu probablement d'ailleurs. Qui parmi le public ne s'est pas demandé par moments si Trilok Gurtu était vraiment réel ! Est-il humain ou tout simplement un extraterrestre ? C'est certainement un génie. Le doute vous gagne à ce sujet à chaque prouesse de cette légende vivante. Peut-on vraiment décrire avec des mots l'immensité du talent de cet artiste indien ? Oh que non ! Il fallait y être pour juger de soi-même et comprendre de quoi il retourne. Mystic Jazz, ainsi donc, notre terre d'accueil étant cette fois-ci l'Inde, précisément Bombay, c'est tout naturellement que Trilok, digne fils de cette ville, se présente afin de nous y guider. Le prélude à cette virée a été une prestation solo aux percussions et à la batterie que l'artiste décide de baptiser du nom du regretté Aziz Djemame, s'assurant ainsi la sympathie de l'assistance devenue tout ouïe. Gurtu choisira de marquer par moments des haltes dans l'un de ses mystérieux et mythiques temples, et ce, à chaque fois que sa main caressait son tablâ*. Durant ces moments solos, le public ne pouvait que le suivre, yeux fermés et cœur battant, Gurtu étant devenu, sans l'avoir cherché, notre gourou. Mister percussion, en verve ce soir-là, s'offrit même un mythique et mystique moment solo à donner la chair de poule, lorsque, debout dans son coin et tournant le dos au public, il prit en main quelques objets pour en générer des sons envoûtants et célestes. Sa voix angélique s'imprimera sur cet ensemble pour s'élever comme une prière dans un silence religieux. Auguste instant, auquel ont eu droit les assidus du festival, assurément de véritables privilégiés. En outre, Gurtu semble faire de la musique de tout objet et de toute voix. C'est ainsi qu'il fera contribuer l'assistance dans une composition improvisée, le refrain Julina July chanté par le public étant introduit comme fond musical aux performances d'un bassiste exceptionnel nommé Johan Berby. Exceptionnel, magnifique et enchanteur… Gutru nous a tout simplement fait rêver. * Tablâ : instrument de musique indien à percussion.