Depuis son inauguration, il y a huit ans, la cité n'a connu aucun ravalement de façade ni aménagement. L'effet en est que les murs se lézardent à vue d'œil et les façades livrent un triste aspect lépreux. On assiste même, désormais, à des transformations improvisées par quelques locataires livrés à eux-mêmes qui sont arrivés à changer l'accès aux appartements et à clôturer les espaces jouxtant les rez-de-chaussée créant par ce geste des cours privées et des jardins individuels. C'est en soi l'espace vital qui se rétrécit comme une peau de chagrin, envoyant les enfants jouer sur la chaussée carrossable. Sans tenir compte d'aucune norme inhérente à l'urbanisme, d'autres ont ouvert des fenêtres sur les façades et ont barricadé les balcons à l'aide de feuilles de tôle rouillées, et autres paravents en tous genres. Livrée à la hâte, cette cité dortoir non seulement ne présente aucune commodité, mais se dégrade aussi sous le poids de la promiscuité due au surpeuplement. La totalité des résidants de cette cité se plaignent de l'absence de l'eau dans les robinets depuis des mois, au moment où les occupants des derniers étages souffrent de l'effondrement des plafonds à cause des infiltrations des eaux pluviales durant l'hiver passé.