Pour une fois qu'on l'a attaquée publiquement, la secrétaire générale du Parti des travailleurs a sorti sa grosse artillerie et riposté de manière énergique. «Abdelaziz Ziari s'est comporté comme un secrétaire de kasma du FLN des années 1970» et a fait preuve d'«hégémonie sans précédent» sur les instances de l'Assemblée populaire nationale. C'est ce qu'a affirmé Louisa Hanoune, hier en fin de matinée, à Alger, lors d'une conférence de presse -longue comme d'habitude- au cours de laquelle elle a abordé deux points essentiels : une initiative politique, à travers notamment une lettre adressée au président de la République, et une riposte aux déclarations, vendredi dernier, du président de l'Assemblée populaire nationale sur les ondes de la radio nationale. Et c'est à ce dernier qu'elle a réservé de larges passages, répliquant de manière véhémente. Elle avertit dès le départ : «Je n'ai aucun problème personnel avec lui. Mais ce qu'il a dit est grave.» Une fois le débat encadré, Louisa Hanoune peut alors lancer ses missiles. «De quel droit se permet-il de s'immiscer dans des affaires d'autres partis ?» s'est-elle interrogée avant de rappeler qu'elle l'a «battu lors des élections législatives de mai 2007» (les deux responsables étaient alors tête de liste de leurs formations respectives). Pis, elle conseille au président de la chambre basse du Parlement de «se calmer» parce qu'il a fait montre, selon elle, de «panique» alors qu'il est «tenu par l'obligation de réserve» en raison de son poste. La secrétaire générale, députée d'Alger comme lui, accuse le président de l'Assemblée nationale de céder «aux lobbies» et aux pressions «des députés», notamment en ce qui concerne l'augmentation des salaires des parlementaires. «En tout cas, la médecine et la politique ont un point commun : les deux ne sont pas des sciences exactes. Sauf que la médecine s'apprend à l'école, alors que, pour faire de la politique, il faut d'abord avoir du talent […]», assène-t-elle, en référence à la formation médicale de Abdelaziz Ziari. En réalité, cette polémique est née de la demande, très insistante, de la secrétaire générale du Parti des travailleurs de la dissolution de l'Assemblée populaire nationale, «la plus mal élue depuis l'indépendance» pour cause de «déliquescence de l'Etat» et la présence de «la maffia dans les couloirs de l'APN». C'est cet état de fait, conjugué aux résultats «catastrophiques» de la dernière élection présidentielle, qui a poussé la candidate malheureuse du PT à écrire une lettre au président de la République pour que «demain, on ne dira pas qu'on ne nous a pas dit». «[…] Des signes […] ont démontré qu'un président de la République ne peut garantir la souveraineté nationale et faire face aux pressions étrangères, aggravées par la crise du système capitaliste, que s'il s'appuie sur une mobilisation populaire et des institutions démocratiques», écrit Louisa Hanoune dans cette missive datée du 29 avril dernier, tout en se plaignant de l'influence des «milieux de l'argent et des affaires» sur toutes les institutions, à commencer par l'APN. Elle demande, en même temps, au président de la République de «réhabiliter l'honneur de l'Etat». Une réhabilitation qui commence, selon elle, par sa démarcation de «la mascarade du 9 avril dernier». Dans le même courrier, Mme Hanoune a réitéré ses revendications à Abdelaziz Bouteflika. Elle demande, entre autres, un SNMG à 35 000 DA pour assurer «une vie décente» aux Algériens. Mais cette correspondance, unique dans les annales, n'est qu'une étape dans ce que la secrétaire générale appelle l'«initiative politique». Elle sera suivie d'une «pétition nationale à grande échelle contre la déliquescence avancée de l'Etat». Et le slogan de cette campagne sera, selon Louisa Hanoune, «plus jamais de retour aux pratiques d'avant avril 2009». Cela dit, la militante de gauche refuse de quitter l'Assemblée populaire nationale. «Nous allons continuer à nous battre pour la dissolution de cette Assemblée qui ne représente pas les Algériens. Nous avons un mandat et nous devons l'honorer», a-t-elle justifié tout en avouant que sa présence dans l'hémicycle «pèse beaucoup». «C'est tout de même honteux qu'un député touche un salaire équivalant au double de celui d'un professeur de médecine ou d'un général major en fin de carrière», s'est insurgée Louisa Hanoune. A. B.