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Le Tchad et ses quiproquos
Publié dans El Watan le 23 - 05 - 2009

Les soubresauts qui secouent le Tchad ces derniers jours méritent une attention particulière du fait qu'elles engagent des belligérants suffisamment armés et décidés à en découdre.
L'actuel président tchadien venu au pouvoir en 1990, était soutenu à l'époque par la Libye, le Soudan et la France. Il ne s'est jamais prévalu durant cette période 90-2009 d'une stabilité politico-militaire optimale. 1993, deux ans après sa prise du pouvoir, le régime a eu à faire à une rébellion dénommée MDD qui a failli in extremis le renverser. Une conférence nationale s'ensuivit, posant dans le même temps les fondamentaux de la démocratie qui ont conduit le pays aux élections référendaires et générales de 1996. Il y a eu des contestations qui ont entaché les différentes élections. Des fraudes massives et un bourrage des urnes sont signalés dans les processus électoraux, quinze parties politiques ont participé aux élections de juin 1996 qui ont vu la victoire du président Idriss Deby. Le pays est économiquement sous ajustement structurel renforcé avec les institutions de Bretton Woods, l'administration du pays fonctionnait cahin caha durant cette période, les grèves de fonctionnaires de la fonction publique sont pratiquement le lot quotidien du pays. Eclate alors la rébellion du Tibesti, le MDJT, de feu Youssouf Togoimi en 1998 pour des raisons encore officieusement non élucidées.
Il y a eu perte colossale en hommes pour le pays des deux côtés. Cette guerre a cessé après la mort de Youssouf Togoimie en l'an 2000 en Libye. Dans ce sillage, s'ensuivront les élections présidentielles de 2001 remportées, nonobstant les manquements et l'opacité observés, par le Deby dès le premier tour par plus de 60% des suffrages. Le régime se referme davantage sur lui-même et les incompatibilités par rapport à la vertu démocratique ont commencé de plus belle, les nominations à la tête des administrations publiques sont critiquées par des gloses successives de l'opposition civile ; le régime conclut entre-temps des accords d'exploitation des gisements pétroliers situés au sud du pays, plus précisément dans la région de Doba. Pendant cette période, le pouvoir, soutenu par ses organisations satellites et un petit parti de l'opposition parlementaire, procède à l'amendement de la Constitution de 1993. L'article 62 limitant le nombre de mandats présidentiels a été abrogé, les portes sont ouvertes au le président Deby pour se représenter encore et encore à sa propre succession, les défections et les antagonismes au sein même du pouvoir se multiplient, les contestations prennent parois une virulence sans précédent.
Jaillit en 2003, pour la première fois, le pétrole du Tchad, un projet réalisé partiellement par le financement de la Banque mondiale et le concours d'autres bailleurs de fonds. Le consortium est constitué par deux compagnies américaines Esso et Chevron Texaco et une malaisienne dénommée Petronas, les 90 puits de pétrole exploités donnent au pays plus de 180 000 barils/jour. Un collège de contrôle et de surveillance des ressources pétrolières est crée sous l'égide de la Banque mondiale. Une première dans le monde mais l'expérience fut vite caractérisée par un résultat saupoudré par une queue de poisson ; 17 milliards de FCF A au titre d'un bonus pétrolier furent réorientés par l'Etat pour des raisons dites de sécurité. Le pays voit son budget quadrupler pendant l'exercice budgétaire de 2004. Le budget national passe 636 milliards à plus de 1000 milliards de FCF A soit plus 450 millions d'euros. Des grands chantiers de construction sont lancés. Le 13 avril 2006 le Front uni pour le changement démocratique, un groupe cette fois-ci venu du Soudan voisin, tente par un raid éclair de renverser le pouvoir de N'djamena, mais l'aventure s'est soldée par un revers aux portes de la capitale.
Le régime sort affaibli et tente de contrôler tous les arcanes du pouvoir en rendant étriqué le champ politique et en resserrant l'étau sur l'opposition civile qui ne représente désormais que le fameux gravier de la chaussure et les journalistes sont condamnés à l'embastillement. Cela aurait été stupide, dans ces conditions, d'organiser des élections présidentielles crédibles, mais le régime rechigne et persiste en organisant les dernières élections en avril 2006. Les élections les plus contestées dans l'histoire démocratique tumultueuse du Tchad. Face toujours à des candidats faibles et peu représentatifs sur l'échiquier politique national, le pouvoir remporte haut la main ces élections que d'aucuns qualifient de simulacre, voire de mascarade. Se constitue encore une autre coalition rebelle dirigé par Mohamat Nouri, 12 ans ministre des gouvernements Deby, Aboud Abdelwahid et le propre neveu du président Deby qui, lui, a été le directeur de cabinet de son oncle président et de surcroît le catalyseur de la gestion de la chose publique pendant un bon bout de temps. Cette coalition prend d'assaut la capitale N'djamena en février 2008. A plus de 1000 km de leur base, les rebelles acculent le pouvoir et réussirent à contrôler les 98 % de la capitale durant plus de quarante-huit heures.
Le Président, avec l'audace qu'il a eu pendant cette époque réussit à jouer sur les divergences existant entre les différents chefs rebelles et dessert l'étau contre son pouvoir en repoussant les assaillants jusqu'à leurs bases respectives. Profitant du désordre qui a précédé l'attaque rebelle, le régime arrête les leaders de l'opposition civile dont le plus remarquable d'entre eux, le Dr lbni Oumar Mth Saleh qui a été probablement éliminé injustement pour des raisons politiciennes. Jusqu'à l'heure actuelle on ne connaît pas sur sa disparition. La manne pétrolière aidant, le régime en place se réarme considérablement et met en place une stratégie militaire inspiré des anciennes guerres classiques occidentales en fortifiant les deux à trois principaux centres urbains du pays. Les alliances au Tchad se font et se défont par rapport à la direction que prennent les intérêts respectifs de tout un chacun. Une alliance constituée de deux mouvements dirigés respectivement par Hassabalah Soubiante, ancien dignitaire du régime, ministre pendant 3 ans et le général Nourri voit le jour.
Cette énième alliance attaque des localités à l'est du pays à la mi juin 2008 et regagne ses bases arrière au Soudan après des combats très sanglants qui ont eu lieu plus précisément dans la localité d'Amzoer, à l'est d' Abéché. Après un conciliabule de plus de 5 mois, est créée cette nouvelle Union sous la pression du parrain soudanais qui réussit à imposer Erdemi Timane à la tête de la nouvelle Union dénommée Union des forces pour le changement (UFR). Cette alliance hétéroclite dotée de plus de 400 véhicules tout-terrain, d'armements et d'hommes entraînés pour certains au Soudan vient de déclencher les hostilités. Depuis le 4 mai dernier, subdivisés en plusieurs colonnes, les rebelles avancent à l'intérieur du territoire national tchadien à l'issue de combats très rudes parfois. Démarre alors de plus belle la guerre de communiqués. Les rebelles accusent la France par son dispositif militaire Epervier de survoler leurs colonnes et de fournir les informations, précisant au pouvoir leur position sur le terrain. Nous signalons ici que le pouvoir dispose d'une escadrille opérationnelle qui lui donne une supériorité militaire sur le terrain.
La France a soumis une résolution au Conseil de sécurité condamnant l'offensive rebelle venu du soudan, cette dernière taxée non seulement d'avoir des accointances avec les rebelles, mais aussi d'utiliser ces derniers comme marionnettes contre leur propre pays. N'eut été l'intervention décisive de la France, le régime Deby serait facilement mis très mal en point. Tous les mouvements rebelles aujourd'hui, au Tchad, suivent une ligne directive extérieure bien que leur objectif final soit de renverser le régime en place. Les bruits de bottes dans mon pays, le Tchad, ne datent pas d'aujourd'hui, mais la recrudescence de ces derniers jours nous ramène inéluctablement à penser que cette violence militaire inouïe ne présage pas d'un lendemain dépourvu d'embûches pour le pays. L'histoire est un éternel recommencement et l'oubli couvre bien mieux que la poussière ; ceci pour vous dire que tous les changements de pouvoir au Tchad depuis une décennie ne viennent que du Soudan. Nous voudrions aussi dire que la solution définitive aux maux qui minent le Tchad ne pourra pas venir du Soudan, mais plutôt d'un consensus national respectant toutes les sensibilités de la population, désormais prise entre deux feux.
Au Tchad, aujourd'hui, il y a des politiciens irresponsables qui n'ont aucun esprit de synthèse ni de cohérence. Des gens qui se servent au détriment du peuple qui, lui, se trouve malheureusement dans une promiscuité insoutenable. La population se débatouille dans la gène des mauvais jours, alors que les responsables irresponsables cherchent à préserver des acquis et des avantages découlant des privilèges anti-démocratiques. Les dirigeants et les politiques ne sont pas près de partager le pain avec les Tchadiens d'en bas ! Si on veut s'exprimer trivialement, « ils veulent le beurre et l'argent du beurre ». Il y a une confusion entre le patrimoine public et le bien personnel dans le comportement des élites tchadiennes. Souvent les conflits au Tchad, si l'on ne regarde pas la partie émergée de l'iceberg résultent d'un déficit de cohérence dans la gestion de la chose publique et du désir inassouvi des uns de régenter au-dessus des autres. La réalité de la crise n'est que partiellement explicite tant au niveau des causes réelles du conflit que de celui des voies et moyens à mettre en place pour sortir le pays de la désescalade ambiante. Et si l'on ne réalise pas en amont un diagnostic pour pouvoir dénicher le nœud gordien du problème, la guerre ne pourra que perdurer et faire encore des victimes.
On ne cesse de le signaler qu'au Tchad, aujourd'hui, le mérite va à ceux qui tentent le diable en faisant recours à la violence et en pariant leur vie tout en considérant les autres comme des moutons. Nous nous inscrivons en faux par rapport à cette attitude illogique et réductrice de faire de la politique. Avec toute honnêteté intellectuelle et loin des acrobaties aussi intellectuelles, nous renvoyons dos à dos les deux belligérants en conflit au Tchad car la guerre ne pourra ramener la stabilité optimale tant attendue par la population. Certains politiciens au Tchad ne sont que des hommes d'affaires sulfureux et totalement douteux qui cherchent par tous les moyens à ce que le statu quo perdure pour sauvegarder des avantages mal acquis. On ne peut jamais développer un pays quand on n'associe pas la population et quand on ne pose pas un fil d'Ariane. Hormis ce dernier point, les objectifs fixés risquent indubitablement de diverger, voire de se contrarier. Les compétences doivent être associées à la gestion de la chose publique pour essayer de poser les jalons du développement.
Nous souhaitons aussi de faire en sorte que l'Etat arrive à assurer sa mission en toute liberté et non pas qu'il soit perpétuellement soumis aux injonctions et pressions d'ignorants et prétentieux qui ont pris les armes dans le seul objectif de nous imposer leur loi. Il y a de quoi nourrir par louchées entières et de voir tous nos espoirs reportés à la saint-glinglin. Il ne faut cependant pas être grand clerc pour s'apercevoir que le Tchad vit aujourd'hui des heures très scabreuses. Ce qui nous horripile par-dessus tout est la perte par la France du magister moral dont elle se revendique pour donner des leçons de démocratie et de bonne gouvemance en Afrique. Nous profitons de cette occasion pour dire à la population tchadienne ce qui suit : même si les difficultés de la vie vous harassent, même si vous pensez, non sans raison, que « le système » est en train de rendre fou tout le monde, prenez la sage résolution de prendre votre mal en patience et d'attendre l'avènement de jours meilleurs.
On dit souvent qu'avec du temps et de la patience la feuille du mûrier devient de la soie. Nous voyons quotidiennement que la vie fauche la vie aux pauvres Tchadiens d'en bas ; des hommes supporter les brutalités et les souffrances de la vie sans craquer, en montrant une force et une résistance qui défient l'imagination. Les épreuves que vivent les Tchadiens aujourd'hui nous ont appris que le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité de la vaincre. Le Tchadien est un homme qui sait dissimuler derrière le masque de l'audace les souffrances qu'il contemple quotidiennement. Les problèmes du Tchad seront immanquablement résolues si nous revenions à la réalité et maintenions loin de nous le recours systématique à la violence. La guerre n'augure jamais un lendemain meilleur pour un pays, et sans un dialogue crédible et contradictoire forgé dans une atmosphère démocratique réaliste, le Tchad risque de devenir un Etat paria, un no man's land dans lequel le grand par excellence dévore le petit par préférence.
Si nous ne prêchons pas par excès de naïveté, nous pourrions demander à ce qu'il y ait un chronogramme bien précis dans lequel seraient mentionnées les différentes démarches qui pourraient sortir le pays du gouffre de la violence et de celui de l'éternisation des députés corporatistes qui sont préalablement élus pour quatre ans et prolongation après prolongation se retrouvent dans leur huitième année de mandature. Nous ne sommes pas en droit d'angéliser ou de diaboliser le pouvoir en place car, malgré les manquements avérés par rapport à la vertu démocratique, le changement ne doit jamais venir à n'importe quel prix, car tout le peuple tchadien condamne sans relâche la violence. Je ne vais pas terminer sans pour saluer le peuple tchadien pour le courage et la patience dont il fait preuve quant au sort qui lui est réservé. Dans son allégorie des métaux ; Platon classe les hommes en groupes d'or, d'argent et plomb. Le peuple Tchadien est de l'or pur, il y a de l'or dans sa brillante résistance, de l'or dans sa chaleur et son humanité, de l'or dans son hospitalité et sa générosité, de l'or dans sa loyauté et son abnégation infaillible. Comme dit l'autre : « Quelle que soit la longueur de la nuit le jour se lèvera ».


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