La mosquée Sidi Abdelhak, la plus ancienne de la ville de Béjaïa, est enfin en phase de restauration. L'initiative émane de l'association religieuse gérant les lieux. Il était temps. D'après des estimations historiques qui se recoupent, l'édifice a été construit au XIIe siècle. Plus de huit siècles après, les murs porteurs, un mélange de pierre et de brique pleine cuite, cimentés par un liant composé de terre et de gypse pilé, menacent de s'effondrer. Les pilastres soutenant le plancher de l'étage supérieur sont gâtés. Plus qu'un simple toilettage, l'association, dont les membres sont tous des habitants du quartier de Sidi Abdelhak, entreprend un véritable projet de restauration. Ses adhérents sont « conscients de l'exigence qualitative qui doit prévaloir à l'ouvrage afin de restituer à l'édifice son originalité et afin qu'il reste ce témoin de l'histoire médiévale de la ville ». Le projet d'aménagement, selon M. Mohamed Taguelmimt, ne comporte aucune modification majeure, mis à part l'ajout d'un minaret. Le bâtiment en était dépourvu. Il s'agit pour seul sens de « lui conférer de manière visible l'aspect d'une mosquée ». Cette mise en évidence n'entamera en rien l'architecture d'époque de la mosquée, promet-on. Le but du réaménagement n'est donc pas de gagner en superficie, l'assiette gardant le même dimensionnement, quoique le dallage de la partie réservée aux ablutions fera gagner à l'étage supérieur au moins trois rangées durant les prières pour les fidèles. Si l'étude n'a pas coûté un centime, le projet est estimé toutefois à 4,5 millions de dinars. L'un des deux bureaux d'études qui ont conçu bénévolement la restauration présente l'avantage d'avoir eu déjà à son actif des projets de reconstructions du type mauresque. L'entreprise chargée des travaux « qui n'est pas venue chez nous pour faire des bénéfices », veut signaler en passant le président de l'association, est celle qui réalise actuellement les annexes de la grande mosquée d'El Kawter, à Aamriw. Elle ne manque pas également donc, pour ainsi dire, d'expérience dans le domaine. Les planches du projet prévoient en gros que soient gardés les murs tels quels, une consolidation de la charpente, le maintien d'une toiture provençale, une mosaïque andalous d'époque, des lustres dans le cas possible en fer forgé. Le travail de rosaces sera confié à un artisan plâtrier engagé actuellement dans les travaux de finition du projet de la mosquée El Kawter. La réception de l'ouvrage fini est prévue pour le ramadan prochain. Une demande d'aide motivée par une fiche technique exhaustive est formulée auprès de l'APC, de la direction des affaires religieuses et du ministère des affaires religieuses. L'association religieuse Sidi Abdelhak attend également une manifestation matérielle de la Direction de la Culture, s'agissant d'un édifice qui n'est pas moins qu'un monument historique qui peut briguer un statut de site classé. Il est enfin prévu un écriteau évocatoire résumant l'histoire des lieux. Sidi Abdelhak El Ishbili qui a donné son nom à la mosquée est arrivé d'Andalousie en 1252. Il a suppléé Ibn Khaldoun dans l'enseignement dispensé par le penseur et philosophe au niveau de la mosquée à l'emplacement de la forteresse de la Casbah à Béjaïa avant de domicilier une zaouïa dans la bâtisse portant dès lors son nom.