L'endroit en question, l'île de Saadiyat, devrait abriter plusieurs musées de prestige, comme le Louvre, le Guggenheim américain, le campus de New York University, ainsi que de nombreux hôtels et résidences de luxe. Appelée à devenir la destination touristique internationale, le projet de Saadiyate coûtera la bagatelle de 27 milliards de dollars. Paris (France) : De notre bureau Et si les compagnies de construction étrangères s'en frottent déjà les mains, les organisations internationales craignent, en revanche, que la course aux profits financiers ne se fasse au détriment du respect des lois du travail et des principes énoncés dans la charte de l'Organisation internationale du travail (OIT). Publié la semaine dernière, le rapport de HRW épingle le gouvernement émirati et les entreprises du bâtiment. Il dénonce l'exploitation des travailleurs asiatiques, confrontés à des abus qui, dans certains cas, équivalent aux travaux forcés. Lors d'une conférence de presse organisée au Centre d'accueil de la presse étrangère (CAPE) à Paris, Bill Van Esveld, chercheur à la division Afrique-Moyen-Orient, a estimé que le gouvernement émirati ne s'est pas attaqué aux causes profondes des abus commis contre les travailleurs. Il a cité, entre autres, les payements de recrutement élevés et illégaux, les fausses promesses de salaires, ainsi que le système de parrainage qui donne à l'employeur un monopole quasiabsolu sur ses ouvriers. Tout en reconnaissant que les Emirats ont fait des avancées dans la qualité des logements proposés aux travailleurs, le même chercheur a reconnu néanmoins que le nombre d'inspecteurs du travail demeure insuffisant (800 pour 2 millions de travailleurs) et a rappelé aux Emirats l'engagement pris depuis deux ans et qui consiste à tripler leur nombre. La réaction du gouvernement émirati ne s'est pas fait attendre. Dans une déclaration publique, un responsable au sein du ministère des Affaires étrangères a qualifié le rapport de partial et de petite tempête qui n'intéresse personne. Il a reproché à l'organisation américaine de n'avoir pas répondu favorablement aux multiples invitations qui lui ont été lancées pour venir visiter l'île. Abondant dans le même sens, un responsable des travaux au sein de l'île s'est dit déçu de voir le rapport de HRW faire l'impasse sur les nombreuses avancées réalisées par le gouvernement des Emirats en vue d'améliorer les conditions de travail des migrants. La polémique sur l'île de Saadiyate intervient à quelques jours seulement de la visite que doit effectuer le président français aux Emirats. Mais les responsables de HRW doutent fort que Nicolas Sarkozy soulève ce problème.