Un projet de création d'un musée du Louvre à Abou Dhabi soulève indignation et critiques dans une partie du monde de l'art en France, certains craignant que les collections des musées parisiens ne soient «vendues» à l'étranger sous le couvert de prêts à long terme. Paris défend activement ce projet de création d'un Louvre dans cet émirat richissime. Le Louvre parisien (7,3 millions de visiteurs en 2005), qui a déjà signé un partenariat et prêté des œuvres au High Museum d'Atlanta (Etats-Unis), pourrait y transférer temporairement des collections, comme d'autres musées nationaux. Pour son expertise, ses prêts et les droits sur son nom, le Louvre devrait être grassement rémunéré : la presse évoque la somme de 500 millions d'euros. D'autres grandes institutions pourraient suivre, s'engouffrant dans la brèche ouverte il y a plusieurs années par le musée Guggenheim de New York qui a fait des petits – moyennant finances – dans plusieurs villes du monde. Un musée Guggenheim est d'ailleurs prévu à Abou Dhabi en 2012. Le musée national d'art moderne Georges-Pompidou a signé pour un «Beaubourg» à Shanghaï (Chine) et le musée Rodin a vendu son nom et son expertise à Sao Salvador au Brésil, selon la presse. Une dérive inacceptable ! s'insurgent des professionnels du monde de l'art qui redoutent que les œuvres d'art ne deviennent une monnaie d'échange économique et diplomatique et que la France ne brade son patrimoine artistique sous le couvert de prêts à long terme.