Qui a tué l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri ? Voilà une question devenue récurrente et qui a déjà donné lieu à de nombreuses réponses, les premières d'entre elles suivies d'arrestations, avant que les personnes mises en cause soient libérées, comme cela est le cas avec de hauts responsables libanais. Cette fois, c'est l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, dans son édition datée d'aujourd'hui, qui croit apporter un élément de réponse ou plus simplement la réponse. C'est-à-dire la vérité, ce qui serait encore plus important, puisque un tribunal spécial pour le Liban (TSL), chargé justement de juger les auteurs de cet assassinat, attend que ces derniers soient enfin connus. Ce qui mettrait fin à un long suspense, mais aussi à des manœuvres qui se sont avérées hasardeuses et malheureuses pour une institution comme l'ONU et sa commission d'enquête. Selon ce journal, la commission d'enquête en question, qui a mis en cause la Syrie et l'Etat libanais même au travers de groupes qui leur sont liés, a finalement abandonné ces pistes. Elle s'orienterait désormais vers une autre menant au mouvement libanais Hezbollah. Citant des informations obtenues de « sources proches du tribunal (spécial pour le Liban, TSL) et vérifiées par la consultation de documents internes », Der Spiegel écrit que « des investigations intensives menées au Liban pointent toutes vers une nouvelle conclusion : ce ne sont pas les Syriens, mais les forces spéciales du Hezbollah qui ont planifié et exécuté » l'attentat qui a coûté la vie à Rafic Hariri le 14 février 2005. Les documents consultés par Der Spiegel, basés essentiellement sur des surveillances électroniques, ont permis aux enquêteurs d'identifier huit téléphones mobiles, tous achetés le même jour à Tripoli, dans le nord du Liban. Ces appareils ont été activés six semaines avant l'attentat et n'ont plus jamais été utilisés après, ce qui laisse penser que leurs propriétaires étaient les membres du commando ayant commis l'attentat à la camionnette piégée à Beyrouth, dans lequel ont péri également 22 autres personnes. Pour le Hezbollah, « ce sont des affabulations qui ont pour objectif d'influencer la campagne électorale (pour les législatives du 7 juin) et faire oublier les informations sur le démantèlement des réseaux d'espionnage travaillant pour le compte d'Israël ». Et d'ajouter que « publier des informations pareilles et les attribuer à de sources proches du TSL entament la crédibilité de ce tribunal que nous appelons à agir avec fermeté pour démasquer les auteurs de ces mensonges ». Il soulignera que « ce n'est pas la première fois que des journaux ont recours à ce genre d'affabulations », a déploré le communiqué citant des médias occidentaux, égyptiens et du Golfe. Les législatives du 7 juin pourraient être remportées par le Hezbollah. Le courant de Saâd Hariri, fils du Premier ministre assassiné et l'un des piliers de la majorité parlementaire, a refusé de son côté de commenter les informations du magazine allemand. Interrogé après la publication de cette information, le bureau du procureur du TSL a affirmé qu'il « ne commentait pas les questions liées aux aspects techniques de l'enquête ». « Nous ne savons pas d'où ils sortent cette histoire », a dit une porte-parole du tribunal. Le Spiegel affirme que le procureur chargé de l'enquête, le Canadien Daniel Bellemare, et les autres juges du TSL essayent apparemment de « retenir » l'information qui leur aurait été transmise, il y a un mois environ. Plus aucun suspect n'est actuellement détenu dans le cadre de l'enquête du TSL qui avait ordonné le 29 avril la libération de quatre généraux libanais détenus depuis août 2005 pour l'assassinat de M. Hariri, tué dans un attentat le 14 février 2005 à Beyrouth. Et le Liban retient son souffle à l'approche des élections législatives que l'on dit susceptibles d'introduire le changement sur la scène politique. Mais un changement très relatif, puisque lié au système politique de ce pays.