Il sera en effet l'un des premiers Algériens à découvrir la peinture dite de chevalet. Nous ne disposons que de peu d'éléments sur cet artiste, aucune biographie n'ayant été publiée sur lui comme sur ses contemporains précités, à l'exception de Zmirli qui a fait l'objet de deux ouvrages (édités par le Musée national des Beaux-Arts). On sait que Miloud Boukerche suivit une double scolarité à la medersa et à l'école française et que, très jeune, il montra de belles dispositions au dessin. Quelques années plus tard, il aurait exercé comme dessinateur dans une maison de soieries. Il se rend ensuite à Paris pour entrer à l'Ecole des beaux-arts. Selon un témoignage d'un membre de sa famille, ce départ aurait été fortuit. Il se serait rendu en France pour une compétition sportive et, lors de son séjour, ses talents artistiques auraient été remarqués par une personne qui l'incitera à étudier les arts. Elève studieux, avide de découvrir les grandes œuvres de la peinture européenne, il passe son temps dans les musées, s'exerçant à la copie. Il aurait reproduit entre autres au Musée du Louvre la toile de Jan Vermeer, Jeune femme au Turban. Durant ses études, il expose au Salon des artistes français et se signale comme un excellent portraitiste. Il rentre ensuite en Algérie où, influencé par Delacroix et Dinet notamment, il opte pour l'orientalisme, à l'instar de tous les premiers peintres algériens. A leur propos, le peintre Mohamed Khadda écrira : «Avec le recul historique, commode pour juger après coup, il faut convenir que les pionniers de la peinture algérienne (Boukerche, Hemche, Mammeri) ont été piégés – mais pouvait-il en être autrement ? – par la peinture coloniale qui était leur référence obligée.» La première exposition de Miloud Boukerche remonte à 1947 au Cercle franco-musulman d'Alger. Décédé en 1979 dans un terrible anonymat, il laisse une production qui n'a pas été cataloguée mais dont les ventes aux enchères, à ce jour encore, attestent de l'importance. Ses œuvres, bien cotées sur le marché de l'art, ont pris de la valeur avec la résurgence de la mode orientaliste chez les collectionneurs. Les titres des toiles indiquent bien la vision exotique de cet artiste : Berbère près de l'oasis, Jeune homme lutinant une Ouled Naïl, Elégante sur la terrasse en Algérie. De même, ils confirment le fait qu'il ait beaucoup peint également au Maroc : Idylle de l'Atlas, Jeune femme allaitant, sud marocain. D'ailleurs, en 2006 et 2007, d'importantes ventes aux enchères de quelques unes de ses œuvres ont eu lieu à Casablanca.