Sauf retournement imprévu, Abdelaziz Belkhadem est appelé à présider aux destinées du FLN. Si le nouveau premier responsable de l'ex-parti unique ne sera connu officiellement qu'aujourd'hui à la clôture des travaux du « huitième congrès réunificateur », ouvert depuis hier à la salle omnisports du complexe olympique Mohamed Boudiaf (Alger), le seul nom qui circulait dans les coulisses était celui de Belkhadem. Rédha Annan, député et « ex-redresseur », n'en doutait pas : « Il est (Belkhadem, ndlr) le seul homme apte à diriger le parti dans sa situation actuelle qui demeure complexe. » Selon lui, si Belkhadem a réussi à ramener les militants et cadres du parti, du moins la majorité, sur le chemin de la « réunification », il arrivera sans doute à « décrocher » le plébiscite de ce congrès. D'autres députés et congressistes ont abondé dans le même sens. Les « ex-pro-Benflis », quant à eux, se sont abstenus de tout commentaire, préférant attendre que le congrès passe et que l'urne rende son verdict. Abbas Mekhalif, ancien chef du groupe parlementaire ayant été aux côtés de Ali Benflis, s'est montré peu loquace. Pour lui, rien n'est encore réglé au FLN, car la rupture avec les vieilles pratiques, notamment les exclusions, n'a pas été encore faite. Il est à noter que plusieurs délégations ont eu des difficultés à participer au congrès, car certaines wilayas, notamment Médéa, Tissemsilt et Oran, se sont retrouvées avec deux listes différentes, ce qui aurait pu susciter des tensions, n'était l'intervention de M. Belkhadem qui a permis à ces délégations de prendre part aux travaux. Seulement, une délégation de Tizi Ouzou, la deuxième, a été laissée dehors. Celle-ci s'est dite exclue. Dans son discours d'ouverture , M. Belkhadem a fait du programme du président Bouteflika celui du FLN. « Nous devons ressouder nos rangs et unir nos forces pour accompagner les chantiers ouverts par le président de la République. Notre priorité est la réconciliation nationale dont l'amnistie générale, que nous applaudissons haut et fort, est son premier jalon que nous devons, bien entendu, réaliser dans le cadre d'un référendum prévu pour l'année en cours », a-t-il lancé à l'adresse des congressistes et autres élus en les truffant d'éloges pour leur « sérieux », « persévérance » et « abnégation ». M. Belkhadem a beaucoup insisté sur « la démocratie moderne » que son parti devra consacrer dans sa pratique politique quotidienne. « Vous êtes à l'avant-garde de notre formation, veillez sur elle, protégez-la », a-t-il encore lâché, tout en glorifiant le rôle du FLN au sein des institutions de l'Etat. Il faut dire que M. Belkhadem a axé sa « brève » allocution sur les réformes et les chantiers lancés par le président Bouteflika, auquel les « architectes » des textes du congrès veulent donner la « présidence d'honneur » du parti. Amar Saïdani, président de l'APN et membre du bureau provisoire du congrès, a confirmé le maintien de cette initiative, en attendant le « dernier mot » qui reviendra nécessairement au conseil national qui sera élu aujourd'hui par les congressistes. Le conseil national est né de l'organigramme que prévoit le nouveau règlement intérieur. Ce texte « suggère », en effet, une restructuration du parti en ajoutant d'autres instances dont la présidence du parti et le conseil national (CN). Le comité central, qui existait dans la structuration « classique » du FLN, deviendra ainsi le comité exécutif dont les membres, entre 95 et 105, seront élus directement par le CN, lequel sera élu par le congrès. Le CN sera composé de 450 à 550 membres. Sa représentativité s'élargira aux députés qui auront leur quota. Parmi les missions du CN, le suivi de l'application du programme économique, social et culturel du parti. Il lui reviendra également d'approuver le règlement intérieur et le programme d'action du parti. Le CN aura à élire à la fois les membres du comité exécutif et le candidat du parti à l'élection présidentielle. La fonction du secrétaire général n'est plus comme avant. En vertu des articles 44, 45 et 46 dudit règlement intérieur, il n'y a plus de secrétaire général pour le parti, mais seulement celui du comité exécutif qui sera le porte-parole du FLN. La mission de ce dernier est réduite à la gestion des instances exécutives du parti. Ce nouveau mode de fonctionnement du FLN est contesté par nombre de congressistes. Abderrahmane Belayat, membre du comité central issu du 7e congrès et sénateur, a qualifié ces nouvelles dispositions de « lourdes » et risquent d'entraver le fonctionnement démocratique de cette formation. D'autres délégués au congrès ont partagé ce point de vue. Mais bien qu'il y ait des divergences et des « insatisfactions » de ceux-ci et de ceux-là, la tendance majoritaire va dans le sens de ces changements. Le déroulement du congrès aura lieu sous la coupe du bureau provisoire qui est composé de Abdelaziz Belkhadem, Abdelkader Hadjar, Abdelkrim Abada, Salah Boudjil, Mohamed Kharoubi, Abderezak Bouhara, Layachi Daadouaa, Yahia Mahboubi, Yamina Meftali et Boualem Bessayah. Ce dernier est désigné porte-parole du congrès.