L'engouement né lors de la mise en service des autorails de l'Est s'est dissipé dès que les nouveaux tarifs ont été appliqués, et les lignes mises en service ne sont pas du tout celles annoncées. L'on se rend compte, par exemple, que l'on n'empruntera pas la ligne devant relier Constantine à Biskra de sitôt. « L'état catastrophique des rails a fait que ce trajet est pour le moment abandonné », dira un cadre de la SNTF. La surprise, pour le moment, reste la ligne Constantine-M'sila, un circuit qui n'était pas du tout prévu dans le calendrier de la société des transports ferroviaires. Même les conducteurs de trains ont été étonnés, d'abord par le fait que cette ligne n'ait jamais été programmé, mais surtout par la suppression de celle reliant Constantine à Annaba, qui, soulignons-le, était opérationnelle l'été écoulé, avec deux rotations par jour. Pour le moment, trois lignes sont exploitées à partir de Constantine : Skikda, avec deux rotations par jour, M'sila et Jijel. Sétif et Biskra attendront encore.Malheureusement, et comme on a pu le constater, ces lignes ne sont pas rentables pour l'heure, et les autorails roulent à perte. Un conducteur confirmera la chose en disant : « Je fais les trajets chaque jour, et à part quelques cheminots, il n'y a pratiquement pas de passagers, malgré la climatisation et tout le confort propre aux autorails. » La raison de cet état de fait est double : il y a d'abord les tarifs appliqués, le double des anciens, dès la mise en service des lignes citées plus haut qui ont « effrayé » plus d'un. Le billet Constantine-Skikda coûte la bagatelle de 240 DA, alors que pour une place dans un taxi, le client ne déboursera que 150 DA et 80 dans un bus. Même chose pour Jijel avec le billet à 540 DA contre 250 dans un taxi, et la moitié dans un bus. Quant au billet pour M'sila, il vaut 800 DA ! Ensuite, il y a les horaires. On ne s'y prendrait pas autrement pour faire fuir le plus accro aux chemins de fer ! Pour aller à M'sila ou Jijel, il faudrait prendre l'autorail à partir de …14 h, pour 5 heures et 3 heures de route respectivement, tout en sachant que celui de Jijel ne s'arrête à aucune gare d'une ville côtière. Le retour se fera le lendemain à partir de 6h30. Donc, il y a obligation de passer la nuit sur place. Nous avons rencontré un des rares passagers à la gare de Constantine, rentrant de Jijel en fin de matinée, qui fera le constat suivant : « J'aurais aimé que l'autorail démarre de Constantine tôt le matin et qu'il revienne tard dans l'après-midi. Cela nous permettra de régler pas mal de problèmes administratifs lors des heures de bureau ou d'aller tout simplement se baigner si le train s'arrêtait à Sidi Abdelaziz. Malheureusement, les horaires sont inversés et nul ne comprend pourquoi. » Le ministre des Transports, et dans le but de remettre les autorails sur… les rails, annoncera, il y a quelques jours, « une baisse des prix de 40% dans les tarifs prochainement ». Un réajustement des horaires, aussi, ne ferait de mal à personne.