La fonction de minotier vit actuellement de mauvais jours. Et pour cause, des lois censées protéger le consommateur sont édictées sans grandes précisions. Face au flou total et ne sachant plus comment faire pour être en adéquation avec la réglementation, les minotiers demeurent dans l'expectative. Depuis quelques jours, les services de contrôle de la qualité relevant des directions de la concurrence et des prix, en application de la loi n° 09-03 du 25 février 2009, relative à la protection du consommateur et à la répression des fraudes, font des descentes dans les différentes minoteries et semouleries, notamment au niveau du centre du pays, pour effectuer des prélèvements de semoule et de farine pour des analyses. L'objet de ce soudain contrôle : des soupçons de présence de substances métalliques dans la farine et la semoule. A première vue, la procédure est tout à fait normale, sauf que les minotiers dénoncent d'une part le non-respect des délais dans la remise des résultats d'analyse. D'autre part, ils relèvent l'absence d'une norme algérienne de production, faisant que l'application de la loi prête à équivoque. Une loi qui, par ailleurs, manque de précision, notamment en ce qui concerne l'application de l'article 71, faisant référence aux articles 4 et 5 de la même loi, relatifs à l'obligation d'innocuité, et punissant « les contrevenants » d'une amende pouvant aller de 200 000 DA à 500 000 DA. Les minotiers ne comprennent pas pourquoi ils seraient les payeurs, alors que le contrôle devrait d'abord s'effectuer au niveau des Coopératives des céréales et des légumes secs (CCLS), chargées de la livraison du blé. Selon la réglementation, ces coopératives doivent remettre des bulletins d'agréage au moment de la livraison du blé, ce qui ne se fait pas sur le terrain, affirme-t-on. En matière de nettoyage de blé, les minotiers affirment respecter la norme européenne, notamment en procédant à l'installation de l'aimant pour l'élimination des substances métalliques à plusieurs niveaux du traitement pré-mouture. Bref, c'est toute cette loi qui se trouve décriée par les professionnels. On se rappelle bien la réaction en février dernier de l'Union générale des commerçants algériens (UGCAA) pour qui « cette loi transforme les commerçants en dealers ». Ce que les autorités réfutent – bien sûr – en disant que « ce texte est une véritable refonte de la loi de février 1989, relative aux règles générales de protection du consommateur, devenue inadéquate avec le développement du marché algérien ». En tout état de cause, les minotiers se sentent tout bonnement harcelés…