Aujourd'hui, ils sont près de 300 semouliers-minotiers, relevant du secteur privé, qui interviennent sur le marché national de la semoule, farine, pâtes et biscuits. Les premiers à avoir investi dans ce créneau lucratif sont Liana Annaba (en liquidation), semoule industrielle de la Mitidja (SIM), Tizi Pâtes et Mahbouba Annaba. C'est particulièrement au mois de Ramadhan que ces sociétés enregistrent les meilleurs chiffres d'affaires. Pour cause, les besoins de consommation évoluent sensiblement durant cette période (galette au quotidien, z'labia, pain, confiseries de toutes sortes…). Avec une production moyenne de 1 000 q/jour par unité, ces semouliers-minotiers ont réussi à s'imposer et à imposer leur diktat, en optant pour l'application de prix défiant toute concurrence. Le potentiel industriel national existant se compose de 80 complexes agro-industriels qui regroupent près de 110 moulins entre minoteries et semouleries, et des silos d'une capacité de stockage cumulée de 625 000 tonnes de blé. Il y a quelques années, ces moulins produisaient jusqu'à 15 millions de quintaux de semoule et 14 millions de quintaux de farine. Aujourd'hui, ces capacités ont été amputées de près de 70 %. L'émergence du secteur privé dans ce créneau et la quasi-absence du pouvoir de régulation ont été pour beaucoup dans cette situation. L'exemple du marché à l'est du pays est édifiant : d'une capacité de trituration installée de 24 900 q/jour de semoule et de 12 500 q/jour de farine, la quasi-totalité des filiales du groupe Smide (ex-Eriad Constantine), tourne actuellement à moins de 30 % de ses capacités de production. L'écart entre l'offre et la demande est sans cesse grandissant. A titre illustratif, pour la seule wilaya de Annaba, les besoins de consommation sont estimés à 2 000 q/jour de farine et 1 500 q/jour de semoule. Dotés de capacités de trituration de 1 400 q/jour de blé tendre et 1 000 q/jour de blé dur, les moulins Seybouse tentent, tant bien que mal, de maintenir le cap des 540 q/jour pour la farine, et moins de 400 q/jour pour la semoule. Ces moulins se débattent pour leur survie et s'efforcent de résister face à la rude concurrence des 11 minotiers et 10 semouliers privés. Ces derniers mettent sur le marché plus de 8 100 q/jour de semoule et 7 400 q/jour de farine. « Nous sommes confrontés à une concurrence déloyale et à des pratiques spéculatives. Pour mieux vendre, les semouliers et minotiers privés recourent, pour la plupart, à des pratiques antiéconomiques. Il faut que l'Etat intervienne pour que le pouvoir de régulation soit appliqué dans toute sa rigueur », a indiqué un responsable des moulins Seybouse Annaba. Travailleurs, comme responsables ne cessent de dénoncer la placidité des pouvoirs publics devant ces pratiques anticoncurrentielles, lesquels font qu'aujourd'hui, en matière de semoule et de farine, l'offre est dix fois supérieure à la demande.